Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/514

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vaux. Les volontaires et les dragons arrivèrent les premiers derrière l’église des Jésuites, sans que leur mouvement dissimulé d’abord par le fort puis par le village eut pu seulement être soupçonné ; aussi tombèrent-ils sur les ennemis surpris et désemparés. Les disperser et les chasser de leurs retranchements fut l’affaire d’un moment. Les Anglais perdirent 50 à 60 hommes, tandis que le major Lawrence, qui commandait le poste et le capitaine Pierre Bruce étaient faits prisonniers[1], On n’eut pas le temps d’en faire davantage ; les Anglais, voyant que nous étions à peine une centaine, avaient rassemblé de nouvelles troupes et s’apprêtaient à nous attaquer. D’Auteuil et Bussy, s’apercevant de leurs mouvements, préférèrent ne pas attendre les cipayes et les cafres et reprirent le chemin de la rivière, d’où ils étaient partis moins d’une heure auparavant. Dans leur retraite, un de nos officiers de dragons, nommé Cochinat, fut fait prisonnier et nous eûmes aussi cinq européens tués et cinq blessés. Lawrence et Bruce, amenés le même jour à Dupleix, furent reçus avec la plus grande courtoisie et on leur rendit leurs épées.

  1. « Je ne puis passer, est-il dit dans une correspondance de cette époque, la belle action que fit un tambour dans cette attaque ; ce fut lui qui arrêta M. Lawrence prisonnier. La voilà telle que l’on m’a citée pour véritable. Ce monsieur se voyant arresté fit offre de sa montre et d’une bourse de pagodes à ce tambour pour le laisser aller. Cet homme demeura fort surpris de sa proposition, la rejeta sur le champ, en lui disant qu’il ne connaissait pas bien les troupes du roi de France son maître, qu’il devait savoir qu’elles étaient incorruptibles et qu’il était surpris qu’un homme de distinction comme lui put lui faire une pareille offre. Cet officier voulut lui alléguer quelques autres raisons, mais lui coupa court et sans vouloir l’écouter davantage, lui dit d’un ton ferme que s’il ne marchait promptemcnt devant lui, il lui passerait trois balles à travers le corps d’un pistolet qu’il avait et se mettant en devoir de le faire cet officier n’hésita point de marcher, et se rendit à Pondichéry où ayant été saluer M. Dupleix il lui fit un détail exact de l’action de cet homme. Aussitôt M. le Gouverneur fit estimer