Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/515

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Cependant les Anglais, redevenus maîtres du terrain, avaient repris leurs attaques contre le fort et le canonnaient vigoureusement. Pour la commodité de notre tir, nous avions placé les munitions près des pièces. Un malheureux hasard voulut qu’à dix heures et demie du matin, un boulet anglais, frappant une voiture de poudre, y mit le feu et que l’incendie se communiqua à deux autres qui étaient proches. Toutes trois sautèrent avec un tel fracas que l’explosion fut entendue jusqu’à Pondichéry. Cent cinquante européens ou cipayes furent tués ou grièvement brûlés.

Dans le premier moment d’effroi, chacun crut que c’en était fini du fort et la panique fut indescriptible. Une seule batterie pourtant avait été atteinte et avec quelque sang-froid on pouvait encore résister aux ennemis pendant plusieurs jours et peut-être balancer la fortune. Le lieutenant de Puymorin, qui s’était déjà distingué au siège de Madras, essaya d’arrêter le désordre et engagea les soldats échappés à tenir bon : il y réussit en partie.

Mais le bruit de l’accident s’étant répandu à Pondichéry, on crut tout perdu. Paradis lui-même, voyant en bataille toute l’armée ennemie, pensa qu’elle allait profiter de notre confusion pour attaquer immédiatement Pondichéry et donna l’ordre d’abandonner toutes nos positions, même celles du bord de la rivière et de se replier derrière nos limites, après avoir encloué les canons. Trois officiers, de Puymorin, Astruc et Kerangal, ne purent se résoudre à un ordre aussi rigoureux et entreprirent courageusement de ramener les canons. Ils rassem-

    à combien pouvait se monter la valeur de la montre et de ce qui était dans la bourse, envoya chercher ce tambour et lui fit récompense de la même somme. » (A. C. Corr. Gén. Inde, 2e série, 1741-1748, p. 292-293.)