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blèrent deux pelotons de grenadiers, quelques soldats d’artillerie et une douzaine de volontaires, enlevèrent toutes les pièces des batteries et les ramenèrent aux limites où nos troupes s’assemblaient de tous les côtés.

Les canons du fort furent au contraire perdus. L’abandon du bord de la rivière avait laissé la redoute trop exposée et, en essayant de sauver l’artillerie, on risquait de perdre la garnison. La Touche se résolut donc à exécuter l’ordre de Paradis et s’y prit si bien que l’ennemi ne s’en aperçut pas. Le dernier soldat encloua le dernier canon. Quand tout le monde se fut retiré à une certaine distance, on mit le feu à une fusée qu’on avait ménagée. Une minute après, tout sautait, la poudrière et la caserne avec tous les ustensiles qu’on n’avait pas voulu laisser à l’ennemi. Il était alors environ deux heures. Puis la petite troupe se replia en bon ordre jusqu’aux limites.

Au même moment arrivait un ordre de Pondichéry de n’évacuer ni le fort ni les batteries du fleuve : Dupleix s’était aperçu de la faute commise par Paradis. Il était trop tard ; les Anglais étaient déjà maîtres de la redoute et y avaient arboré leur pavillon. Le lendemain, ils invitèrent les habitants à revenir cultiver leurs terres et, pour rassurer la population, ils proclamèrent que ceux qui voudraient user de violence à son égard seraient punis et que qui commettrait un attentat serait pendu. Boscawen fit encore dire que tous ceux qui, du dehors, apporteraient des provisions seraient bien payés et traita avec la plus grande bienveillance les fugitifs de Pondichéry. Il célébra enfin la victoire par des réjouissances et par un grand bal où furent invitées les dames anglaises de Goudelour. Aussi sa réputation commença-t-elle à se répandre dans le pays ; on le déclara grand homme et on vanta sa justice.