Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/520

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décidé sur le point où il attaquerait et les troupes de marine occupèrent le bord de la mer.

L’église des Jésuites, consacrée à Saint Paul, fut blindée avec des troncs de cocotiers et des balles de coton humide ; on fit de même pour quelques autres monuments et des abris casemates furent aménagés dans le fort et sous les remparts ; enfin, sur la demande des Jésuites, vigoureusement appuyée par madame Dupleix et par Paradis, le gouverneur prescrivît la démolition de la pagode d’Iswaram, attenant à leur église, sous prétexte qu’elle gênait la défense de la ville.

Il y avait plus de cinquante ans que les Européens en demandaient la destruction, tout à la fois par zèle religieux et en raison du bruit parfois assourdissant des cérémonies brahmaniques, et depuis cinquante ans on reculait devant cette mesure sacrilège, malgré l’autorisation du roi. Chaque fois les Indiens avaient protesté au nom de leurs croyances ; au temps du gouverneur Hébert ils avaient même quitté la ville en masse, en guise de protestation. Il est vraisemblable qu’ils se fussent également soulevés dans cette circonstance, si l’exode des jours précédents n’avait singulièrement éclairci la population brahmanique et réduit à une dizaine le nombre des chefs de castes. La démolition de la pagode s’accomplit au milieu de leurs murmures impuissants. Dupleix songea également à faire abattre une mosquée, mais Abd er Rhaman, le chef des cipayes, intervint et déclara au gouverneur que si l’ordre était maintenu, tous ses hommes tomberaient sur les travailleurs, les tueraient et abandonneraient le service. Nul doute qu’une manifestation aussi énergique eut sauvé la pagode d’Iswaram.

Toute la journée du 7, les Anglais n’avaient pas bougé du coteau où ils avaient campé la veille ; le 8, dans