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l’après-midi, ils voulurent s’installer dans la plaine, à 800 toises environ de la porte de Valdaour. Accueillis par un feu très vif d’artillerie parti des remparts, ils furent obligés de se retirer à la tombée du jour et à asseoir enfin leur camp sur le haut du coteau pour tout le reste du siège.

Il ne se passa rien d’important de ce côté les deux jours qui suivirent, 9 et 10 septembre. Dupleix se borna à tenir l’ennemi en haleine eu dirigeant contre lui un feu d’artillerie continu et les chefs de nos cipayes. Abd-er-Rhaman et Cheick Hassem, tombèrent sur quelques corps anglais répandus dans l’intérieur de nos limites. Mais il en fut tout différemment du côté de la mer. Dans la nuit du 8 au 9, un sloop anglais vint avec huit bots mouiller devant le fort et commença à bombarder la ville avec des projectiles qui pesaient de 210 à 240 livres. Ces bombes en éclatant jetèrent d’abord un certain effroi, puis on s’y habitua et finalement on s’y intéressa comme à un sport. Ce n’est pas qu’elles fussent inoffensives, elles détruisirent deux ou trois maisons et en endommagèrent plusieurs autres dans différents quartiers, mais on les voyait venir de loin, elles arrivaient très lentement et elles ne blessèrent ni ne tuèrent personne. Les Européens et les notables s’étaient réfugiés dans des casemates disposées à cet effet ; le gouverneur se retira avec Paradis, Legou, Guillard et plusieurs autres dans deux petites chambres du fort : sa femme et madame d’Auteuil demandèrent asile à l’église des Jésuites, où elles firent également transporter leurs objets les plus précieux.

En nous attaquant ainsi par mer, Boscawen voulait évidemment diviser nos forces ; les opérations sur terre n’en restaient pas moins pour lui comme pour nous les