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ou cinq kilomètres au plus de Pondichéry. Au delà, c’était la puissance formidable des Maures, toujours crainte et toujours respectée. Si la guerre n’avait éclaté en Europe et n’avait pas été transportée dans l’Inde, il est probable que Dupleix aurait fourni une carrière honorable, mais l’histoire ne connaîtrait pas son nom, comme elle connaît mal celui de Dumas et comme elle a désappris celui de Lenoir.

Mais avant d’entrer dans le détail des événements propres à l’Inde, il nous paraît utile de nous transporter un moment en France où Dupleix avait ses parents et beaucoup d’amis et demander à ces correspondants quels étaient leurs sentiments soit sur notre politique indienne, soit sur Dupleix lui-même, soit enfin sur quelques-uns des hommes qui, comme Dumas et la Bourdonnais, avaient exercé ou allaient exercer à ses côtés une action prépondérante sur les destinées de la péninsule. On saura ainsi par avance de quels appuis disposait le gouverneur de Pondichéry et dans quelles conditions de confiance ou de sympathie il put diriger sa politique, tantôt en exécutant strictement les ordres reçus, tantôt en agissant sous sa seule responsabilité.

À défaut d’interview, genre tout à fait inconnu à cette époque, c’est naturellement par leurs lettres que nous connaîtrons les sentiments de ces correspondants. Les lettres ne disent pas toujours la vérité, qui d’ailleurs ne se trouve nulle part, mais quand elles ne sont pas rigoureusement officielles, elles laissent du moins percer de temps à autre comme une lueur de sincérité et si l’on veut avoir plus de lumière il n’y a qu’à les rapprocher les unes des autres. À ce titre, celles qui nous ont été conservées sont assez précieuses, sans l’être trop ; elles contiennent sur les actes de la Compagnie quelques indications