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mais seulement les PP. Severini et René, coupables à ses yeux d’avoir eu des intelligences avec les Français avant la prise de Madras. Il ne lui paraissait pas suffisant de les expulser ; de loin ils conserveraient toute leur autorité sur les macouas. Boscawen demandait encore qu’une église construite au nord de la ville durant l’occupation française fut donnée aux luthériens danois et que les esclaves ne pussent plus être instruits dans la région catholique.

Le P. Severini, d’origine italienne, était supérieur de la mission catholique depuis la mort du P. Thomas en avril 1742. En 1744, un décret venu de France avait nommé le P. René, plus jeune que lui, missionnaire apostolique et vice-gardien des missions dans les Indes et en Perse ; ce père demanda en conséquence à être reconnu comme supérieur de la mission. Le Conseil de Madras s’y opposa net et le P. René s’inclina de bonne grâce. Depuis ce temps les deux pères vivaient en bonne intelligence, sans abdiquer cependant leurs sentiments nationaux et c’est bien à tort que Boscawen suspectait le loyalisme du P. Severini. Le Conseil de Saint-David décida néanmoins qu’ils seraient embarqués l’un et l’autre pour l’Europe, comme il autorisa le transfert de l’église catholique aux luthériens.

Dupleix protesta vainement le 7 novembre contre l’arrestation du P. René ; elle était, disait-il, contraire au traité de paix et il demandait son élargissement. Il lui fit répondu que ce père résidait depuis si longtemps à Madras, qu’on ne pouvait le considérer que comme un sujet anglais et que s’il devait être mis en liberté, ce serait aux autorités anglaises en Europe à en décider.

Dupleix protesta également contre la confiscation de l’église catholique et l’expulsion des prêtres de Madras.