Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/552

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les désordres qu’avait occasionnés une attaque aussi longue. Les munitions en tout genre emplirent de nouveau tous nos magasins et, au commencement de janvier, j’étais en état de soutenir un second siège si l’ennemi l’avait tenté, lorsque la nouvelle de la suspension d’armes conclue en Europe suspendit également les opérations de l’Inde. Cette armistice suivie de la paix mit fin aux troubles dans toutes les parties du monde et la nation eut la satisfaction d’apprendre qu’aucune des possessions de la Compagnie dans l’Inde n’avait pu être entamée par l’ennemi et que j’avais fait échouer tous ses desseins.

« Le roi, sur les représentations qui lui furent faites, me fit la grâce de m’admettre au nombre des chevaliers de St-Louis et m’honora du cordon rouge. La Compagnie crut devoir y joindre une marque de sa reconnaissance en m’annonçant qu’elle avait supplié le ministre de m’admettre dans le nombre de ses directeurs[1].

« Je crus qu’après des travaux aussi longs, il était temps de me reposer en repassant dans la patrie. Le congé me fut

  1. Cette lettre de la Compagnie est du 17 avril 1749 et fut écrite 28 jours après qu’on eut appris à Paris, par une lettre de Londres, la nouvelle de la glorieuse défense de Pondichéry. Voici ce qu’on écrivait à Dupleix :

    « … S’il était déjà bien satisfaisant pour vous que la Compagnie put dire que la prise de Madras était due aux secours que vous aviez fournis à M. de la Bourdonnais, que c’était votre fermeté, la justesse de vos mesures et le choix des braves officiers que vous aviez employés qui avaient réduit les Maures à vous demander la paix, que vous eussiez même enlevé le Fort Saint-David aux Anglais sans l’arrivée inopinée de l’amiral Griffin et qu’enfin malgré la difficulté des communications pendant toute la guerre, vous avez trouvé le moyen de pourvoir à la subsistance et à l’entretien des comptoirs de Chandernagor, de Karikal et de Mahé, quels éloges ne méritez-vous donc pas aujourd’hui lorsque, par l’utilité et le glorieux usage que vous avez fait des secours que vous aviez reçus de M. David, vous venez de repousser le plus puissant effort de nos ennemis et conserver à la Compagnie ses établissements ? Nous attendons avec impatience les intéressants détails que vous nous aurez vous-même écrits en cet heureux événement, et en priant le ministre de vouloir bien en rendre