Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/554

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où les événements lui permettraient de déployer toutes ses qualités !

Si une extrême vanité était l’une des ombres de son caractère, la justice était par contre l’un de ses apanages et à la justice s’ajoutait une grande bonté et un désir sincère d’obliger les gens et leur rendre service. Sa bonté toutefois n’allait jamais jusqu’à la faiblesse et même en répandant ses faveurs, il savait garder une certaine réserve et maintenir une distance respectueuse entre lui et ceux qui lui étaient redevables de quelque bienfait. Ainsi son autorité resta sans cesse hors de toute conteste et si on lui reprocha un instant d’avoir laissé prendre à sa femme un rôle public, qui convenait mal à son sexe, il n’y eut plus, après la retraite de Boscawen, qu’un concert de louanges pour célébrer sa prévoyance, son courage et ses succès.

Autorisé sinon obligé par ses fonctions elles-mêmes à faire du commerce et à s’intéresser dans des affaires plus ou moins hasardeuses, il n’apporta jamais un esprit mesquin dans le règlement de ses comptes. Certes il soupirait après la fortune, mais c’était moins pour les satisfactions qu’elle donne que pour les moyens d’action qu’elle met entre les mains d’un homme entreprenant et son entreprise, à lui, c’était la grandeur de son pays. Aussi quand vinrent les heures difficiles où les capitaux se raréfièrent, même pour assurer le paiement des soldats et des employés, n’hésita-t-il pas à mettre sa fortune personnelle au service de la colonie, sans que rien lui garantit qu’il serait effectivement remboursé.

Il n’avait point, au début de son gouvernement, de haine préconçue contre les Anglais ; il avait pu apprécier au Bengale le charme de leurs relations privées, bien qu’elles ne fussent ni familières ni démonstratives, mais il