Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/555

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connaissait mal encore les défauts ou, si l’on préfère, les qualités de leur politique. Il ignorait que, dans leurs comptes avec l’étranger, ils additionnent toujours et retiennent tout et que c’est une duperie que de croire ou simplement d’espérer qu’ils feront la moindre concession, même quand elle est dictée par la justice ou le bon sens.

Avant que la guerre n’éclatât entre les deux pays, la neutralité formait l’objet de ses vœux et il le fit savoir en France. L’armement inutile et prématuré de la Bourdonnais renversa toutes ses espérances et le mit dans la nécessité de préparer une guerre qu’il considérait d’abord comme une sorte de sacrilège. Lorsque malgré lui l’épée fut sortie du fourreau, jamais plus elle n’y rentra et la vie entière de Dupleix fut consacrée à lutter contre nos implacables et nos éternels ennemis. Il trouva alors pour les juger des expressions d’une vérité surprenante[1], que

  1. « Quand nous voyons qu’ils se mettent peu en peine de nous causer des inquiétudes ou de la jalousie, en se procurant par toutes sortes de vues de semblables avantages, dès qu’ils y voient le moindre jour, quelle est la raison ou la loi qui nous oblige à de plus grands égards pour eux, surtout lorsque nous gardons avec eux la foi des traités et que nous ne manquons à aucun de nos engagements… Ont-ils craint d’exciter notre jalousie ?… ont-ils eu peur de nous déplaire ? — Moins ils nous ménagent tous les jours et dans toutes les occasions et plus ils acquièrent le droit et les moyens de nous ménager encore moins. » (Mémoire de Dupleix à la Compagnie du 8 mars 1758, B. N. 9169, p. 102.)

    Dupleix est plus précis encore dans ses Réflexions à propos de la convention Godeheu. (B. N. 9161, p. 143.)

    « Ce sont les Anglais qui font la loi ; ils le publient ; les faits le confirment… Mais, dira-t-on, ils sont liés par les traités comme nous. C’est une erreur ; rien ne lie les Anglais que la