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origine officielle, mais elles sont aimables et sympathiques et Dupleix pouvait légitimement s’en prévaloir comme d’un témoignage de confiance.

§ 2.

Les autres ont une allure plus dégagée. Leur caractère commun est une extrême simplicité, sauf peut être chez Godeheu, et l’absence de toutes considérations philosophiques : pas d’idéologie, pas de conceptions décevantes, pas de nuages dans la pensée. Les auteurs écrivent pour dire ce qu’ils savent et non ce qu’ils imaginent et ils l’expriment tous sans élégance et sans prétention. Les uns sont plus courts, les autres plus prolixes, suivant leur degré d’intimité avec Dupleix ; mais tous sont clairs et précis. Quelques-uns parlent assez longuement des événements politiques et militaires de l’Europe, dans l’intention de renseigner très exactement Dupleix ; presque tous sont d’intrépides protecteurs qui ne craignent pas de l’importuner par des recommandations sans cesse renouvelées en faveur de leurs parents ou de leurs amis, et nous devons malheureusement ajouter que ces recommandations n’étaient pas toujours justifiées.

Les lettres de Dumas étonnent légèrement. Dès son retour en France l’ancien gouverneur avait été nommé directeur de la Compagnie et chargé du département de l’Inde. Il tenait donc en quelque sorte à sa discrétion son ancien antagoniste du Bengale, celui avec qui il avait échangé des notes aigres-douces à propos de la frappe des roupies et de la subordination des Conseils ; sans être un méchant esprit, il pouvait se donner le malin plaisir de lui faire sous l’autorité de la Compagnie des