Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/57

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observations désobligeantes et paralyser dans une certaine mesure ses moyens d’action. Il ne semble pas qu’il ait usé de ce droit d’une façon sensible ; la correspondance officielle de la Compagnie avec Dupleix est correcte et l’on rend volontiers justice à son activité et à ses talents ; quant aux lettres privées de Dumas, qui sont assez nombreuses[1], elles sont en général conçues en des termes si aimables, qu’on se demande à certains passages lequel des deux hommes envoie des instructions à l’autre et a qualité pour faire des observations. Dumas ne cesse de donner à Dupleix des assurances de son amitié : il ne demande qu’à lui être utile et le prie de l’excuser s’il ne peut faire plus ni mieux. Loin d’avoir la moindre jalousie pour son successeur, il estime qu’il doit rester le plus longtemps possible dans l’Inde où nul, dit-il, ne saurait le remplacer.

Sauf Dirois, dont il n’avait jamais approuvé la politique à Mahé, Dumas ne critique personne ; il ne parle jamais de la Bourdonnais et se contente à l’occasion de recommander quelques-uns de ses anciens collaborateurs, tels que Dulaurens, encore y met-il une certaine discrétion.

Soucieux de renseigner Dupleix aussi exactement que possible sur les affaires de la Compagnie, il lui promet en cas de besoin des informations confidentielles dont il ne devra faire part à personne et sous condition qu’en en faisant usage pour son compte, Dupleix ne le découvrira jamais. Aucune de ces informations, s’il y en eut, ne nous a été conservée.

Dumas appréhendait comme tout le monde en France la guerre avec les Anglais et ne mettait pas en doute,

  1. B. N. 9.147, p. 163-226.