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lorsqu’elle fut déclarée, que nos établissements de l’Inde ne dussent succomber. Il ne croyait pas à la possibilité de nos succès en Europe ; encore moins pouvait-il prévoir la gloire dont Dupleix allait couvrir le nom français par la prise de Madras et le siège de Pondichéry.

À lire les deux seules lettres qui nous soient restées de Lenoir — 4 novembre 1741 et 25 novembre 1742[1] — on ne penserait jamais qu’il eut été si vivement attaqué par Dupleix dans des correspondances qu’il ne pouvait ignorer. Si elles sont exemptes de cordialité, elles n’attestent pas non plus de la froideur ; c’est la langue courante d’hommes bien nés qui sacrifient d’autant plus volontiers aux convenances que peut-être ils ne se reverront plus[2]. L’une de ces lettres est pour féliciter Dupleix de sa nomination au gouvernement de Pondichéry, et l’autre pour critiquer l’armement de la Bourdonnais, constater le triomphe de Dumas à son retour en France et regretter le temps où les affaires étaient meilleures.


Saluons avec Godeheu le meilleur ami de Dupleix, du moins à cette époque. Ils s’étaient connus dans l’Inde au cours d’un voyage que le premier fit en Extrême-Orient et avaient vécu ensemble pendant seize mois à Chandernagor, d’août 1737 à novembre 1738.

Rentré en France au printemps de 1739, Godeheu arriva encore à temps pour recevoir le dernier soupir de son père[3], directeur à Lorient. La Compagnie, satisfaite de la façon dont il avait rempli sa mission en Chine et dans l’Inde, n’hésita pas à le confirmer dans des fonctions que le père avait toujours exercées avec zèle, et c’est

  1. B. N. 9.149. p. 212-215.
  2. Lenoir mourut le 16 février 1743, âgé de 60 ans.
  3. Il mourut le 26 août, d’une attaque d’apoplexie.