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Madame Dupleix, puisque vous m’assurez qu’elle me conserve toujours son amitié. »

Ainsi dix ans d’absence n’avaient pas sensiblement affaibli leurs relations amicales. Tout au plus les sentiments de la dixième année étaient-ils exprimés avec moins de chaleur et moins de vie ; mais c’était l’effet inévitable du temps. La confiance entre les deux hommes était restée la même ; seule l’admiration de Godeheu avait crû avec les événements.


La correspondance de Louis Boyvin d’Hardancourt n’offre pas un grand intérêt. Il avait servi dans l’Inde comme commissaire-député de la Compagnie autour de l’année 1711. Son frère Claude, qui mourut en 1717 directeur de Chandernagor, avait épousé une petite-fille de François Martin. Lui-même s’était marié à une demoiselle du Hamel, originaire de Bourbon, qui l’apparenta dans la suite à un grand nombre de fonctionnaires de l’Inde ou des Îles, Trémisot, Paradis, Burat, Saint-Martin, de Brain, et Fontbrune. Rentré en France, d’Hardancourt fut un instant directeur des ventes à Lorient avec Godeheu le père, puis il fut directeur à Paris. En 1742 il avait 69 ans et prit sa retraite l’année suivante après 45 ans de service. Il n’avait probablement jamais vu Dupleix, mais il avait connu sa femme toute enfant à Pondichéry et en avait conservé un agréable souvenir. Dupleix n’était donc pas pour lui tout à fait un étranger et on s’en rend compte au ton de la correspondance qui est à la fois confiante et prolixe. Cependant d’Hardancourt donne peu de renseignements sur les affaires mêmes de la Compagnie sur lesquelles il était mal renseigné depuis sa retraite, mais il s’étend avec complaisance sur les événements politiques d’Europe, qu’il expose avec précision