Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/72

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D’Espréménil s’intéressait beaucoup à l’avenir de ses enfants et il est peu de lettres dans lesquelles il ne les recommande à Dupleix sur un ton tout à la fois pressant et insinuant. Malgré ce qu’il estimait la mésalliance de son aîné, il ne lui retira pas sa protection ; il entrevoyait même pour lui le poste de gouverneur, si Dupleix rentrait en France, comme le bruit en courut en 1746.

Dumas et la Bourdonnais ne lui étaient pas sympathiques, le premier pour ses grands projets, le second pour l’ensemble de ses actes. Cependant, disait-il, il ne voulait aucun mal à ce dernier, mais il désirait pour l’amour de lui qu’il fit quelque bonne opération « qui put couvrir toutes les plaintes qui paraissaient bien fondées à sa charge ». (B. N. 9.148, p. 143).


L’impression générale qui se dégage de la plupart de ces lettres, en dehors des affaires personnelles à leurs auteurs et de leurs jugements sur certains hommes, est une aversion très marquée pour les grands projets et ce que l’un d’eux appelait « la manie des agrandissements ». Ce n’est pas ici le lieu de discuter cette théorie dont l’application rigoureuse se manifesta si vivement après 1750, lorsque, plus hardi que Dumas, son successeur ne craignit pas de s’engager dans des entreprises qui auraient pu aboutir à la constitution d’un empire homogène très étendu et disposant de grands revenus. Il n’en est pas moins vrai qu’au moment où Dupleix prit le pouvoir en 1742, il savait, par la condamnation formelle des idées de son prédécesseur, qu’il ne serait vraisemblablement pas soutenu, même par ses amis les plus sûrs et ses protecteurs les plus fidèles, si lui-même s’avisait de reprendre les projets anciens ou d’en concevoir de nouveaux. Peut-être au surplus partageait-il les mêmes sentiments qu’eux ; en dehors