Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouveaux avantages, notamment une gratification de 1.000 pagodes et une indemnité de 600 autres pour l’entretien d’une escorte de douze gardes ; en tout cas Dumas fut laissé libre de continuer ses services s’il le jugeait bon, et on comptait si bien le retenir qu’on ne prévoyait pas sa rentrée en France avant 1743. (B. N. 9.150, p. 157-158).

C’était une fausse situation pour Dupleix. Le ministre la rendit plus délicate encore en ne l’informant pas de sa nomination, à l’instant où, dès l’été de 1740, elle était connue de Dumas et de tout le public, à Pondichéry et à Chandernagor, Dupleix s’en plaignit amèrement à la Compagnie, comme il savait le faire lorsque son amour-propre était en jeu. On ne lui répondit point officiellement, mais plusieurs directeurs, entre autres Lenoir et Godeheu, lui firent savoir qu’il n’avait pas eu tort de se plaindre. Ils lui représentèrent seulement qu’il y avait eu « quelque chose d’un peu trop fort » dans ses expressions et que « les mêmes choses dites en des termes plus doux auraient eu la même force ». Mais telle était la confiance qu’il inspirait à la Compagnie et la satisfaction qu’on éprouvait de ses derniers envois (il avait trouvé le moyen de charger quatre vaisseaux au lieu de trois), qu’on passa légèrement sur ses récriminations. Sans lui faire aucun reproche, on se borna à penser qu’il n’était pas content ; d’ailleurs lorsqu’elles arrivèrent à Paris, il avait reçu un avis officiel de sa nomination ; l’expédition en fut faite le 3 mai 1740 par une lettre où la Compagnie, se référant à des plaintes plus vieilles encore, lui faisait simplement connaître qu’elle les considérait comme un effet de sa vivacité plutôt que de la réflexion.

Cette lettre n’arriva dans l’Inde qu’au printemps de 1741. Dans l’intervalle Dumas avait décliné les offres qui