Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/82

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les circonstances le lui permettraient. » Et de fait nous ne voyons pas qu’il ait molesté le personnel de son prédécesseur, en quoi se reconnaît en général l’indépendance du nouveau chef, ni qu’il ait innové quoi que ce soit dans les traditions jusqu’alors observées. Dupleix pensait sagement que les forces d’une administration comme celles d’un pays résident essentiellement dans une continuité d’actions qui ne doivent évoluer que sous l’empire de la nécessité et non du sentiment.

Aussi sa politique ne pouvait-elle être que fort appréciée de la Compagnie et l’on a déjà vu par les lettres de ses correspondants en quelle estime ils tenaient personnellement son administration. Dans ces conditions les rapports de Dupleix et de la Compagnie elle-même ne pouvaient être empreints que de la plus grande confiance et en effet on ne lui tint jamais en public un autre langage qu’au particulier. La Compagnie lui était reconnaissante de la peine qu’il s’était donnée au Bengale pour faire de bonnes expéditions et quand il arriva à Pondichéry, elle lui avait pardonné toutes ses vivacités, ses imprudences et ses accès de mauvaise humeur. Ce ne furent ensuite que des louanges et des félicitations tant pour son administration à Pondichéry que pour ses succès contre les Anglais, et au début de 1746, le ministre lui accorda des lettres de noblesse avec la croix de Saint-Michel.

Il était impossible pourtant qu’avec la nature tout à la fois impétueuse et ombrageuse de Dupleix, il ne surgit pas quelque incident, dut-il être de courte durée et ne pas troubler le cours des événements. Cet incident se produisit en effet, en 1745, à propos d’ordres que la Compagnie avait donnés dès le mois de septembre 1743 pour réduire les dépenses de l’Inde. Elle les avait arrêtées à la somme de 400.000 rs. et avait invité Dupleix à établir