Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/87

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il dut surtout s’inspirer des circonstances et prendre sous sa responsabilité les initiatives qui convenaient le mieux à l’état présent des affaires. Il ne fut jamais désavoué ; loin de là, il retira de sa conduite des honneurs nouveaux, qui lui furent très sensibles ; comme des lettres de noblesse et la croix de Saint-Michel.

§ 2.

Malgré la grande autorité qui lui était ainsi laissée, Dupleix n’abusa jamais de ses pouvoirs pour en faire sentir lourdement le poids à ses administrés directs. Il n’eut jamais le moindre désaccord avec les membres de son conseil qui furent au début de son gouvernement Legou, Dulaurens, Ingrand, Miran et Golard et il ne chercha pas davantage noise aux chefs des comptoirs qui lui étaient soumis. Il avait comme une commisération profonde pour les employés civils ou les officiers sans fortune, réduits à s’expatrier pour trouver sous les tropiques une existence plus facile et se ménager un avenir moins rigoureux. Déjà, dans son mémoire de 1727 sur les établissements de la Compagnie, il avait signalé la pauvreté des employés et suggéré comme un moyen de les aider honnêtement à gagner quelque chose, de leur laisser dans l’armement des navires une certaine somme à la grosse au prix courant.

« Quel chagrin, disait-il, pour un employé sans bien en Europe de ne pouvoir espérer d’y retourner sans courir risques d’y mourir de faim ! Y a-t-il rien de plus mortifiant que de se voir forcé de passer ses jours dans des climats si contraires à nos tempéraments et parmi des nations dont les mœurs et les façons nous sont si étrangères ? Quelle joie au contraire ne ressentirait-on pas si après avoir bien servi et