Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/88

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après avoir par ménagement ramassé quelque chose, l’on espérait l’augmenter considérablement au retour en France et pouvoir par ce moyen finir ses jours avec tranquillité dans le sein de sa patrie[1] ! »

Aussi trouvait-il naturel, contrairement à l’opinion de la Compagnie, que même les Conseillers dont la plupart étaient sans fortune, fussent investis des fonctions de subrécargues pour gagner plus d’argent. Quant aux officiers, ce ne fut que beaucoup plus tard, lorsque la guerre fut déclarée et que les opérations militaires s’étendirent au loin, qu’il lui fut possible d’améliorer la solde des plus méritants, et aussi parfois des plus protégés, en les chargeant d’emplois où ils pussent être gratifiés de suppléments appréciables. Il lui était plus difficile de favoriser les employés plus modestes tels que les commis qui n’avaient encore à leur actif que peu de services essentiels. Et c’étaient naturellement les plus nombreux. Leur sort était misérable et Dupleix nous en fait un tableau navrant. Le plus grand nombre, expliquait-il dans une lettre au ministre du 5 octobre 1745, est toujours dans un état si misérable que si l’on manquait un mois de payer les appointements, plusieurs mourraient de faim. Quelques-uns ne buvaient de vin qu’à sa table, et revendaient celui que la Compagnie leur donnait pour y gagner cinq à six pagodes (cinquante à soixante francs) qui leur servaient à acheter un habit ou des chemises. Sentiment à part, Dupleix ne pensait pas qu’il fui d’un bon calcul de les laisser dans cet état de misère.

« Bien loin, disait-il, de souhaiter comme il paraît qu’on le fait on France, que les Français ne fussent que dos misérables

  1. Voir le texte complet de ce mémoire dans la Revue Historique de l’Inde Française, année 1916-1917, p. 87 à 122.