Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/203

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de demeure près de leur grand royaume liquide, s’agitent, poussent leurs cris, causent sans doute en leur langue d’oiseaux, emplissent le ciel lumineux de leurs voix perçantes, auxquelles répondent seulement l’aboiement lointain des chiens arabes ou le jappement des chacals.


14 décembre.


Après avoir encore traversé quelques plaines cultivées çà et là par les indigènes, mais demeurées la plupart du temps complètement incultes, bien que très fertilisables, nous découvrons sur la gauche la longue nappe d’eau du lac Triton. On s’en approche peu à peu, et on y croit voir des îles, de grandes îles nombreuses, tantôt blanches, tantôt noires. Ce sont des peuplades d’oiseaux qui nagent, qui flottent, par masses compactes. Sur les bords, des grues énormes se promènent deux par deux, trois par trois, sur leurs hautes pattes. On en aperçoit d’autres dans la plaine, entre les touffes du maquis que dominent leurs têtes inquiètes.

Ce lac, dont la profondeur atteint six ou huit