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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/150

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histoire

courage à mettre en pratique ce qui leur avait été enseigné et leur désintéressement en embrassant la religion chrétienne.

1o. Il admira leur foi. Ces sauvages n’avaient pas eu de missionnaire depuis trois ans pour faire croître cette première semence, qui avait été jetée dans leurs cœurs, comme en passant, dans la première mission ; cependant, il s’aperçut de suite qu’elle y avait produit des fruits abondants, et que leur foi, loin de diminuer avait augmenté.

Ceux qu’il n’avait pu instruire que fort légèrement avaient récité chaque jour les prières qu’il leur avait enseignées. Ceux qui avaient recouvré la santé, après avoir été baptisés, publiaient partout que le baptême leur avait rendu la vie. Comme ils avaient appris qu’il faut confesser les péchés commis après le baptême, ils s’accusaient publiquement de leurs fautes, suppliant leurs frères de les punir pour ces fautes légères. L’un d’eux répétait partout : « Je marchais comme les bêtes à quatre pieds, je ne pouvais me tenir debout, et, aussitôt après mon baptême, j’ai marché et couru comme les autres. »

On présentait au Père des petits enfants qu’il avait baptisés lorsqu’ils étaient dangereusement malades. « Voilà, » disait-on, « ceux que tu as ressuscités par l’eau que tu as versée sur leurs têtes »[1].

Quelques uns l’entretenaient jusqu’à une heure fort avancée de la nuit, lui rendant naïvement compte de leurs consciences. Ils lui racontaient toutes les atta-

  1. Relation des Jésuites, 1653. 27.