Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
des abénakis.

tice irrita les sauvages, et ne servit qu’à augmenter leur fierté et leur insolence. On craignit beaucoup pour les jours du P. Lamberville, mais il fut sauvé par la générosité de quelques Chefs, qui, convaincus qu’il n’avait pris aucune part à cette insulte, le firent conduire en lieu de sûreté, par des routes détournées, « On ne saurait disconvenir », dirent-ils alors au Père, « que toutes sortes de raisons ne nous autorisent à te traiter en ennemi, mais nous ne pouvons nous y résoudre. Nous te connaissons trop pour n’être pas persuadés que ton cœur n’a pas eu de part à la trahison que tu nous as faite ; et nous ne sommes pas assez injustes pour te punir d’un crime, dont nous te croyons innocent, que tu détestes sans doute autant que nous, et dont nous sommes convaincus que tu es au désespoir d’avoir été l’instrument. Il n’est pourtant pas à propos que tu restes ici, tout le monde ne t’y rendrait peut-être pas la justice que nous te rendons, et quand une fois notre jeunesse aura chanté la guerre, elle ne verra plus en toi qu’un perfide, qui a livré nos Chefs à un rude et indigne esclavage, et elle n’écoutera plus que sa fureur, à laquelle nous ne serions plus les maîtres de te soustraire »[1].

Ce fut un Iroquois du nom de Garankonthié qui fut le principal auteur d’un procédé si noble. Ce sauvage était fort attaché au P. Lamberville, qui, de son côté, le regarda depuis comme son libérateur.

    Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. II. 662.

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. II. 346.

    Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. II. 663.