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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/210

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histoire

but, mais elles furent inutiles. Ces sauvages lui déclarèrent qu’il ne s’uniraient jamais aux Anglais, qu’ils préféraient s’exposer aux plus grands dangers que d’abandonner les Français, de qui ils tenaient le bonheur de connaître Dieu, et qu’ils aimaient mieux mourir que de consentir à une union, où ils feraient cause commune avec les Iroquois. Andros fut donc obligé de renoncer à son projet. Le P. de Charlevoix dit « qu’il aurait réussi sans l’attachement invincible que les Abénakis avaient pour leur religion et leurs missionnaires »[1].

Bientôt, les Iroquois prouvèrent d’une manière éclatante qu’ils n’avaient pas été sincères dans leur traité de paix de l’année précédente. Le 25 d’Août, tandis que tout le monde vivait dans la plus grande tranquillité, et que rien n’annonçait quelque soulèvement du côté des cantons, 1,500 Iroquois viennent au milieu de la nuit débarquer au village de la Chine, près de Montréal, poussent leur cri de guerre, lorsque les habitants sont plongés dans le sommeil, pénètrent dans les maisons, y égorgent tous ceux qui leur tombent sous la main, hommes, femmes et enfants, puis livrent le village aux flammes. Deux cents personnes périrent dans cet horrible massacre ; beaucoup furent faites prisonnières et emmenées dans les cantons, pour y souffrir les plus affreux supplices.

Après le massacre de la Chine, les Iroquois se divisèrent en plusieurs bandes, et se répandirent dans les campagnes, où ils détruisirent et ravagèrent tout

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol, II. 391.