Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
des abénakis.

d’estre malade, que je ne brule point éternellement dans l’enfer. L’autre qui estoit un peu plus fort faisoit vingt fois ces actes et ainsi du reste… L’admiration continuelle où je suis auprès de tous ces malades est de penser : verroit-on une telle patience, une telle résignation, tels sentimens de Dieu dans les personnes les plus vertueuses de France. Les autres sauvages qui assistent nos malades et qui souffrent pour ainsi dire avec eux font paroistre la mesme patience, et aussy tost que j’aperçois quelqu’un s’affliger de la maladie d’un de ses proches, je lui fais prendre les sentimens qu’il doit prendre de patience, de résignation et de charité à soulager son parent dans la vue de J. C. »[1].

Comme cette terrible maladie menaçait d’envahir la mission, le missionnaire crut devoir en éloigner les malades. Un grand nombre de ces malheureux furent transportés sur le bord du Saint-Laurent, à Saint-Michel et au Cap Saint-Ignace. Le Père et son compagnon, le P. Gassot, passèrent la plus grande partie de leur temps à aller visiter ces malades. « On nous envoye quérir de tous costez », dit le Père, « et il faut estre tout le jour continuellement sur pied et très souvent une partie de la nuit. Ils sont tous assez éloignez les uns des autres, car ils sont pour la pluspart dans les cabanes de la campagne ; les uns estant à la coste de Saint-Ignace, les autres à Saint-Michel. Il m’a fallu continuellement depuis

  1. Relation du P. Jacques Bigot, 1684. 51. 59.