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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/266

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histoire

un mois faire ces excursions de demy lieue à demy lieue »[1].

La maladie se répandit aussi à Sillery, et un grand nombre y succombèrent pendant l’hiver 1684-1685. Effrayés des ravages de cette épidémie, la plupart des sauvages laissèrent la mission, et allèrent se cabaner dans les environs. Ils érigèrent une petite chapelle dans la forêt où ils s’y réunissaient pour prier. Malgré la rigueur de la saison, le missionnaire s’y rendait quelquefois pour prier avec eux.

Il y avait alors à Sillery un Abénakis fort remarquable sous tous rapports. Il était le premier Chef de la mission, et se nommait « Tak8arimat »[2]. Ce bon chrétien menait la vie la plus exemplaire. Dans le cours de l’hiver 1684-1685, dans un voyage qu’il faisait à la côte de Beaupré avec son épouse, il fut soudainement atteint de la fièvre. Comprenant de suite qu’il allait mourir, il parut d’abord effrayé de la mort qui se présentait si subitement à lui ; mais, encouragé par sa vertueuse épouse, il se résigna bientôt à la volonté de Dieu, et, après deux jours de maladie, il expira entre les bras d’un prêtre, venu pour lui donner les secours de l’église. Ce bon chrétien avait demandé son missionnaire ; mais celui-ci ne put se rendre assez tôt pour recevoir son dernier soupir.

Ce Chef fut inhumé avec pompe dans l’église du Chateau-Richer. « Je n’ay pas encore veu faire »,

  1. Relation du P. Jacques Bigot. 1684, 48. 49.
  2. « Tak8erima », qui a de l’importance, celui dont l’avis est d’un grand poids.