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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/436

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histoire

hommes. La France n’avait pas encore mis sur pied un si grand armement pour l’Amérique[1].

Le succès de l’expédition paraissait assuré ; mais l’inexpérience du duc d’Anville et une fatalité qui paraissait alors s’attacher à toutes les entreprises des Français dans l’Amérique, la firent échouer. Par suite de l’inhabileté du commandant, la traversée dura près de cent jours. Puis, lorsque la flotte était enfin en vue de Chibouctou (Halifax), une furieuse tempête tomba sur elle, et dispersa les vaisseaux. Plusieurs de ces vaisseaux périrent, d’autres repassèrent en France, et quelques uns seulement, après avoir été battus par la tempête pendant dix jours, purent atteindre la rade de Chibouctou. Pour comble de malheur, une terrible épidémie venait d’éclater dans les vaisseaux. Les soldats et les marins mouraient par centaines.

Les Abénakis de l’Acadie, apprenant qu’une flotte était envoyée de France pour reprendre Louisbourg et qu’elle devait arriver à Chibouctou, s’étaient réunis en grand nombre près de ce fort pour y attendre les Français et s’unir à eux. Ils y étaient encore lorsque le duc d’Anville y arriva. Malheureusement l’épidémie, qui décimait les troupes françaises, se répandit parmi eux, et un grand nombre succombèrent[2]. Ils furent alors forcés de retourner en leur pays, renonçant avec regret au plaisir d’aller combattre contre les Anglais.

Six cents Canadiens s’étaient embarqués à Québec au commencement de Juin, pour aller rejoindre les

  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 179.
  2. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 180.