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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/534

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histoire

faible qu’elle se sentait incapable de se tenir sur le cheval. Alors, il fut signifié à Johnson de prendre place près de sa femme, pour la soutenir pendant la marche. On fit route pendant deux heures, puis un nouvel incident vint se joindre aux misères du voyage. La malade fut soudainement prise des douleurs de l’enfantement. Les sauvages firent signe à Johnson de descendre près d’un petit ruisseau. Ils parurent vivement touchés de la pénible position de cette femme, montrèrent beaucoup d’humanité à son égard en cette circonstance, et observèrent strictement les règles de la décence. Ils firent une cabane, y déposèrent la malade, laissèrent auprès d’elle son mari et sa sœur, pour en avoir soin, et se retirèrent à l’écart avec le reste de la troupe, après avoir donné les linges et les couvertes nécessaires pour l’usage de la malade.

Qu’on se figure la position de cette malheureuse femme en ce moment. Voici ce qu’elle écrit elle-même à ce sujet. « Ici tout lecteur compatissant versera une larme sur mon inexprimable misère. J’étais éloignée d’environ vingt milles des habitations d’êtres civilisés, au milieu de la forêt rendue froide par un jour pluvieux. J’étais privée, dans un des moments les plus périlleux de la vie, de tout ce qui est nécessaire et convenable dans une pareille circonstance. Les mères seules peuvent se figurer ma malheureuse situation ».

Les enfants, séparés de leurs parents et retenus à distance par leurs maîtres, criaient et fondaient en larmes. Ils pensaient que les sauvages allaient faire mourir leur mère.