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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/91

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des abénakis

Les Français, qui s’établirent en Acadie, agirent plus prudemment à l’égard des sauvages. Dès qu’ils se trouvèrent en contact avec eux, ils les traitèrent avec bonté, et leur inspirèrent de suite une grande confiance. Ils firent de suite avec eux une alliance, qui ne fut jamais rompue. Aussi, plus tard, tandis que les colonies anglaises étaient sérieusement menacées par ces sauvages, on voyait les Français vivre paisiblement au milieu d’eux.

Cette alliance des Français et des sauvages fut solidement affermie par des mariages. Beaucoup de Français se marièrent à des sauvagesses. Des notables même contractèrent de semblables unions. Ainsi, l’on vit le Baron de Saint-Castin, ancien capitaine au régiment de Carignan, aller s’établir à Pentagoët, épouser la fille du grand Chef des sauvages de cet endroit, et demeurer trente-huit ans au milieu d’eux. Le Sieur Enaud, seigneur de Nipisiguy, contracta une semblable union. Ces mariages furent si fréquents, surtout de 1607-1675, époque où les femmes européennes étaient bien plus rares en Acadie que les hommes, qu’on prétend qu’il y a actuellement peu de familles acadiennes qui n’aient quelques gouttes de sang sauvage dans les veines[1].

Vers le temps de l’expédition de Weymouth, deux compagnies avaient été formées en Angleterre, l’une à Plymouth et l’autre à Londres, dans le but de faire explorer les côtes de la Virginie, et d’y commencer de nouveaux établissements. En 1606, la compagnie de

  1. E. Rameau. Acadiens et Canadiens, 1ère partie. 124.