Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/87

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― Achève donc ! dit Léon Gaupin de plus en plus intrigué.

― Je ne puis parler encore, mon ami ; c’est trop tôt, ce serait peut-être te préparer une déception.

― Très bien ! dit Gaupin en sifflotant avec rage entre ses dents. Tu as des secrets pour moi que tu n’as pas pour Georges. Merci.

― Eh bien, travaille, refais le troisième acte du Siège de Corinthe, puisqu’on ne le trouve pas bon, et je te dirai ce qui t’intrigue si fort à la fin de la semaine.

― C’est ça, une tartine si je suis bien sage ; mets-moi un bourrelet, envoie-moi en nourrice, ce sera plus simple.

Karl le prit en riant par le bras, mais Gaupin grommelait toujours.

Quand ils arrivèrent à la pension, ils y trouvèrent calme plat. Oudaille, Soulès, Belgaric, de l’Odéon, n’étaient pas là, Coq non plus. Lecardonnel et Ecoiffier firent seuls attention aux deux jeunes gens. Marius Simon et le marquis étaient totalement absorbés par une conversation particulière.

― Elle est belle au delà de toute expression, et j’en suis fou, disait le marquis.

― Très bien ! tu l’as déjà dit et tu le répéteras encore, mais

En quoi puis-je servir tes amoureux desseins ?


comme dirait Belgaric.

― Faire son portrait de mémoire quand tu l’auras vue et contemplée, faire un chef-d’œuvre que je lui adresserai avec ces mots : Hommage du marquis Contran de Cimeuse à la comtesse de Tolna. Le reste me regarde.