Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/153

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avec des regards qui n’osent pas se rencontrer ; ils se parlent avec des paroles amer es, (oh ! comme leurs voix un jour seront douces !) et, nerveux, crispés, gênés d’un incompréhensible malaise, brûlés du besoin de lui échapper, et d’en finir, d’en finir à tout prix, ils boivent tous deux dans la coupe où Iseult pense qu’elle a versé la fin de sa torture, où Tristan devine la mort. Autour d’eux, tout est charme, azur transparent, mer ensoleillée ; ils se sentent un instant comme apaisés de mourir au milieu do toute la nature heureuse.

Mais, au lieu du breuvage de mort, ils ont bu le philtre d’amour, que Brangœne lui a substitué. « Iseult ! » chante Tristan comme au sortir d’un rêve. « Tristan ! » soupire Iseult. Ah ! maintenant que le vent souffle sa plainte dans les toiles et que le