Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/160

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yeux ouverts, il rêve. Dans la mélodie du pâtre, dans le rayon de la matinée, dans l’odeur des feuillages, il l’entend, il la contemple, il l’aspire. Ne la reverra-t-il pas avant que son regard soit à jamais éteint ? Car il sent bien que l’épée de Melot lui a fait une blessure mortelle. « Tu la reverras, » dit Kurwenal, « voici qu’elle a reçu mon message, et bientôt elle viendra sur un navire aux voiles blanches. » La revoir ! Ses yeux agrandis par un désir démesuré embrassent toute la mer immense. Qu’une voile blanche paraisse à l’horizon, gonflée par tous les bons vents du ciel I Qu’il se hâte, le chalumeau du pâtre, d’annoncer le vaisseau qui porte la vie, et l’amour, et la gloire, le beau vaisseau qui porte Iseult. « Un navire, là-bas, enfin ! Ah ! Kuwenal, hâte-toi, cours, va donc, et qu’elle m’apparaisse ! »