Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/9

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elles surtout qui comptent, puisque la main-mise sur les marchés nouveaux est l’élément fondamental), s’élevaient à 1.700 millions en 1894, à 2.300 millions en 1905. Entrées et sorties s’équilibrent donc, comme il y a quatorze ans, mais les clientèles que les Austro-Hongrois se sont assurées ne suffisent pas à leurs convoitises : elles ne peuvent encore absorber les produits d’une industrie qui augmente sans trêve la quantité des marchandises jetées en circulation.

Si nous prenons le groupe des États Balkaniques, nous constatons deux faits : le premier est l’accroissement constant des échanges de l’Empire avec ces pays ; le second est la faiblesse du coefficient de ces échanges avec certains d’entre eux.

L’Autriche-Hongrie vendait et achetait pour 90 millions à la Roumanie, en 1897 ; pour 140, en 1906 : les exportations s’inscrivaient à ces deux dates pour 55 et 86 millions. Le trafic avec la Bulgarie comptait pour 15 millions en 1897, et 45 millions en 1905 (exportations 14 et 32 millions) ; le trafic avec la Serbie donnait 62 millions en 1897, 110 en 1905 (exportations 25 et 17 millions) ; le trafic avec la Turquie : 88 millions en 1897, 142 millions en 1905 (exportations 55 et 100 millions) ; le trafic avec la Grèce, 30 millions en 1897 et 40 millions en 1905 (exportations 11 et 19 millions).

Par ailleurs, la Roumanie vend et achète, en 1906, pour 789 millions, — elle demande à l’Autriche un sixième de ses importations ; la Turquie fait 1.280 millions d’échanges, — elle demande à l’Autriche un cinquième de ses importations ; la Bulgarie accuse 270 millions, laissant un quart de ses importations à l’Autriche ; la Grèce accuse 261 millions, donnant un sixième de sa clientèle à l’Autriche ; enfin la Serbie, qui évalue son trafic international à 120 millions, demande à l’Autriche les trois cinquièmes de ses entrées. Le Monténégro est négligeable en l’espèce. Pour les importations, l’Empire Austro-Hongrois ne vient au premier rang qu’en Roumanie et en Serbie. En Turquie, il reste très largement distancé par l’Angleterre.

Toute sa politique mondiale, à l’heure présente, tient en quelques mots : élargir les débouchés commerciaux dans les Balkans. L’annexion de la Bosnie-Herzegovine par M. d’Æhrenthal se classe dans la même catégorie de phénomènes historiques que