Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/80

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nous transportent dans une bruyère de la forêt de Fontainebleau, et nous font comprendre la mélancolie d’Obermann. »

1883. Amiel, Fragments d’un journal intime, précédés d’une étude par Edm. Scherer. Paris, Sandoz et Thuillier. P. XXXII, comparaison des descriptions d’Obermann avec celles de Maurice de Guérin ; elles sont « moins poétiques peut-être, moins musicalement lyriques, mais non pas moins puissantes ». « Ses tristesses ont une portée qui manque à celles des autres… L’intérêt d’une douleur n’est pas dans l’intensité de cette douleur, mais dans les pensées où elle prend sa source. » Marque ce que Sénancour a de plus que Rousseau, et de commun avec René.

1897. Journal de Genève. 7 novembre, article signé A. S(abatier), sur le livre de J. Levallois. Compare Sénancour à Maine de Biran, celui-ci « plus profond, 1 plus individualiste et moral, plus serré dans sa recherche, plus précis dans ses conclusions ». Il y a chez Sénancour « éparpillement et diffusion ». Toutefois « la continuité du développement philosophique et moral est visible ».

14 novembre, 2e article. A. S. pose le problème suivant : Comment Sénancour peut-il affirmer la continuité de son évolution ? J. Levallois s’étonne de rencontrer du mysticisme dans une âme essentiellement raisonneuse. Le problème est « insoluble pour tous ceux qui confondent la religion avec la croyance ». A. S. trouve que « la foi le faisait aspirer au martyre », d’après ce passage de la défense qu’il avait écrite (procès du Résumé des traditions. V. Levallois). « Si celui qui ne veut être que vrai importune, qu’on s’en débarrasse, il y aura peu de malheur. Mais si cela n’est plus selon nos usages, qu’on supporte sa bonne foi, afin qu’il trouve ce genre de repos dans une patrie qui l’a du moins admis fortement au partage des malheurs publics. » A. S. voit en Sénancour un cas de psychologie religieuse : « L’expérience religieuse a couronné l’expérience morale. Sénancour a vu peu à peu sa philosophie se transformer en une religion intérieure. » Cette formule me semble condenser très justement toute la vie intellectuelle de Sénancour.

VEmulation (de Fribourg) donna en juillet 1843, sous le titre : « Souvenir des Alpes fribourgeoises par l’auteur d’Obermann », un extrait de la 59" lettre d’Obermann, datée