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torale dans laquelle il s’intitule le plus ancien et le plus légitime pasteur de l’Église française de Berlin. Cette lettre lui attira des réponses très-vives de Lenfant. D’Artis y répliqua d’une manière peu charitable. Il alla même jusqu’à recourir à l’autorité séculière pour obtenir la punition des prétendus sociniens. Dans un mémoire qu’il fit remettre au grand maréchal de Prusse, il lui offre d’extraire de la traduction du Nouveau Testament plus de soixante passages suspects, et d’en fournir la critique. Cette démarche n’ayant pas eu l’effet qu’il s’en promettait, il s’éloigna de Berlin pour toujours. On conjecture qu’après avoir erré dans les Pays-Bas et l’Allemagne, il prit enfin le parti de retourner à Londres et qu’il y mourut, après 1750, dans un âge avancé. Outre le Journal d’Amsterdam et de Hambourg, dont la collection forme 4 vol. petit in-8o, on connaît de d’Artis : 1° Sentiments désintéressés sur la retraite des pasteurs de France, ou Examen du livre intitulé : Histoire et Apologie de la retraite, etc., d’Élie Benoît, Deventer, 1688, in-12. 2° Deux lettres à l’auteur de l’Histoire critique de la république des lettres (Masson), au sujet de la dissertation critique sur le psaume 110, dans le Journal littéraire de la Haye, t. 3, p. 142-60 ; t. 4, p. 155-73. 3° Recueil de trois écrits sur des sujets importants à la religion, la Haye, 1705, in-8o. D’Artis est l’éditeur de ce recueil. Dans la préface, il se déclare l’auteur de la dissertation sur la théocratie d’Israël. Les deux autres pièces sont : Lettre à un ministre nouvellement reçu, et Discours sur la nécessité de connaître la religion et de la pratiquer. 4° Lettres de M. d’Artis et de M. Lenfant sur les matières du socinianisme, Berlin, 1719, in-4o. 5° Mémoire abrégé concernant le système et les artifices des sociniens modernes ; dans le Journal de Trévoux, mai 1725, p. 909-22. C’est l’extrait du mémoire qu’il remit au grand maréchal de Prusse contre la traduction du Nouveau Testament par Beausobre et Lenfant. 6° La maîtresse clef du royaume des cieux, qui est une clef d’or d’Ophir, enrichie de perles du plus grand prix ; ou Dissertation contre le papisme, Londres, sans date, petit in-8o. Ouvrage rare et recherche des curieux, peut-être à cause de la singularité du titre ou de la violence des attaques contre le saint-siége. (Voy. le Manuel du libraire de M. Brunet, au mot Maîtresse.) Barbier, dans son Examen critique des dictionnaires, a donné sur d’Artis un article très-incomplet. W-s.


ARTOIS (Jacques van), peintre, né à Bruxelles en 1613. On ignore quel fut son maître ; mais on sait qu’il étudia la nature avec assiduité. Il acquit, par cette méthode, la plus sûre de toutes, une grande manière, une touche agréable, et le talent de donner in chaque objet le caractère qui lui est propre. Il avait acquis également un coloris très-vigoureux ; mais la plupart de ses tableaux ont poussé au noir. Téniers, qui était très-lié avec van Artois, a souvent peint ou retouché les figures et les animaux dans les tableaux de cet artiste. Van Artois peignant avec beaucoup de facilité, faisant payer fort cher ses ouvrages, et jouissant d’une grande réputation, eût pu acquérir de la fortune, s’il ne se fût avise de fréquenter les grands et de leur donner des repas somptueux. Avec ce genre de vie, il mourut pauvre, on ne sait précisément en quelle année. On voit de ses ouvrages à Bruxelles, à Malines, à Gand et à Dusseldorf. D-t.


ARTOPAEUS (Jean-Christophe Becker ou), historien et philologue, né en 1626 à Strasbourg, consacra sa longue carrière à l’enseignement. Après avoir professé trente-deux ans la littérature latine au gymnase de sa ville natale, il fut pourvu en 1683 d’un canonicat du chapitre de St-Thomas et de la chaire d’histoire à l’académie, dont il mourut doyen le 21 juin 1702. C’était un savant du premier ordre, très-versé dans les langues, l’histoire et les antiquités ; et s’il n’est pas aussi connu maintenant qu’il mérite de l’être, c’est qu’il n’a guère publié que des thèses et des dissertations, genre d’ouvrages dont la réputation franchit rarement l’enceinte des académies. La plupart de ses thèses roulent sur des points choisis de l’histoire sacrée et de l’histoire ancienne. Uffenbach en avait recueilli un grand nombre dont on trouve les titres dans le catalogue de sa bibliothèque. (Voy. Uffenbach.) Artopaeus a eu part au Compendium histor. ecclesiasticæ, etc., in usum gymnasii Gothani, Gotha, 1666, in-8o, et souvent réimprimé depuis en Allemagne. (Voy. Seckendorf.) On lui attribue : Seria disquisitio de statu, loro et vita animarum postquam dicesssrunt a corporibus præsertim fidelium, in-12 de 214 pages, édition imprimée, suivant Placcius (Theatrum anonymor.), dans le duché de Lunebourg, vers 1670. Cet ouvrage curieux, mais paradoxal, reparut, des l’année suivante, à Strasbourg, chez Zelzner, in-12, augmenté d’un examen critique par Balth. Bebel. Il a été inséré dans le Fasciculus rarorium ac curiosorum Scriptorum theologicorum de anima, Francfort, 1692, in.-8° ; enfin on en indique, dans la Bibliotheca selectissima d’Engel, une édition de Leipsick, 1702, in-8o. Quoiqu’il ait eu quatre éditions, l’ouvrage est assez rare, ainsi que Dav. Clément le témoigne dans la Bibliothèque curieuse, t. 1, p. 550, au mot Anima[1]. Placcius en a donne l’analyse dans son Theatrum déjà cité, p. 71. Parmi les thèses d’Artopaeus, on distingue celle qu’il a publiée sous ce titre : Meletema historique quod narratio de Juditha et Holopherne non historia sit, sed epopeia, Strasbourg, 1694, in-4o ; réimprimée dans le Compendium historiæ ecclesiast., Gotha, 1705, in-8o. Artopaeus a fourni des notes à l’édition de Dictys de Crete, publiée par Ohrecht, Strasbourg, 1691, in-4o ; et il a corrigé les Tables chronologiques de Ch. Schrader. Ce dernier ouvrage n’a été publié qu’après la mort de l’auteur, par Bartenstein, Strasbourg, 1715, in-4o. W-s.


ARTUR et ARTUS. Voyez Arthur et Arthus.


ARTUSI (Jean-Marie), né à Bologne, vers le milieu du 16e siècle, chanoine régulier de la congrégation du St-Sauveur, fut un célèbre professeur de musique.

  1. Dav. Clément ne fournissait pas l’édition de Strasbourg 1671, in-12. Elle est citée dans le Catal. de la biblioth. du roi, D. 281.