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vrage remarquable, qui parut en 1775, sous le titre de Plantes de la Guyane, 4 vol. in-4°, dont deux de planches, au nombre de 502. Sur environ huit cents plantes qui y sont décrites, près de la moitié sont nouvelles. Les figures sont gravées presque au simple trait ; elles sont correctes, mais, dessinées sur des échantillons desséchés, elles manquent de détails sur la fructification. Les plantes y sont rangées suivant la méthode de Linné. De Jussieu a donné un nouvel intérêt à cet ouvrage, en rapportant le plus grand nombre des genres qu’il contient à ses familles naturelles, dans son Genera Plantarum, publié en 1780 ; mais il n’a pu faire ce

travail que d’après les figures incomplètes et les descriptions données par Aublet ; car son herbier, qui aurait été si utile pour la vérification des caractères, avait été vendu pour une somme modique, au célèbre Bancks. Aublet avait conservé à ses genres les noms que les indigènes donnent a chaque espèce. Cependant de Jussieu les a presque tous adoptés, en supprimant, dans quelques-uns, la répétition trop dure des syllabes qui ont le même son. Les botanistes étrangers, Schreber entre autres, se conformant aux lois établies par Linné, les ont changés, soit en tirant les uns du grec, soit en consacrant les autres a la mémoire de quelques botanistes plus ou moins célèbres, mais qui n’avaient peut-être jamais vu ces plantes, même sèches. Il est douteux que la science ait gagné à ces changements, d’autant plus que ces nouveaux noms sont souvent plus choquants pour l’oreille que ceux qu’ils remplacent. Aublet publia dans le même ouvrage une liste très-peu nombreuse « les plantes qu’il avait observées à l’île de France, et il ne les fit connaître que par la simple citation des noms et des figures donnés par Rhéede et Ruraphius, auxquels il les rapporte ; mais il y en a plusieurs qui n’y ont jamais existé. Il cite aussi des plantes de la Guyane, qu’il prétend avoir trouvées à l’île de France ; mais cela est très douteux. Il y a ajouté des mémoires curieux, et qui ont de l’utilité, sur l’emploi et la culture de diverses plantes. Beaucoup plus occupé des plaisirs que l’on trouve facilement dans les colonies, que de l’étude de la botanique, Aublet se vantait d’avoir laissé plus de trois cents enfants dans les pays qu’il avait parcourus. Il est mort à Paris, le 6 mai 1778. L’abbé Rozier (Journal de Physique, t. 1er) lui avait dédié un genre ; mais, par une faute d’orthographe, il le nomma Obletia ; Linné l’a réuni depuis aux verveines, en conservant le nom pour désigner l’espèce sur laquelle on l’avait formé (Verbena Aubletia). Le botaniste allemand J. Gœrtner lui en a ensuite consacré un ; mais il n’a pas été généralement adopté, parce qu’il avait été donné précédemment au voyageur Sonnerat. Enfin, Richard, de l’institut, qui habita l’île de Cayenne et la Guyane, a donné le nom d’Aubletia a l’un de ses nouveaux genres.


AUBREY (Jean), en latin Albericus, antiquaire anglais, né en novembre 1626 à Easton-Piers, dans le comté de Wilt, fut reçu, en 1662, membre de la société royale de Londres. C’était un homme également versé dans l’histoire naturelle, la littérature et les antiquités ; d’ailleurs crédule et superstitieux, comme on peut en juger par quelques-uns de ses ouvrages. Il a écrit : 1° la Vie de Thomas Hobbes de Malmesbury, restée manuscrite, mais où le docteur Blackbourne a puisé de bons matériaux pour la Vie de Hobbes ; 2° Mélanges sur les sujets suivants : Fatalité de jours, fatalité locale, prodiges, présages, songes, apparitions, etc., 1606, et 1721 avec des additions ; 5° Voyage dans le comté de Surrey, 1692, in-4°, continué par le docteur Rawlinson, et réimprimé à Londres, 1719, 5 vol. in-8°, sous le titre d’Histoire naturelle et antiquités de Surrey ; 4° Histoire naturelle de la partie septentrionale du comté de Witt (incomplète et restée inédite) ; 5° Idée d’éducation universelle ; 6° des Lettres sur la physique et autres sujets intéressants, publiées dans différents recueils ; 7° quelques notices inédites sur des auteurs anglais et autres manuscrits. Jean Aubrey a eu part à l’ouvrage intitulé : Monasticon anglicanum, et il a fourni à Antoine Wood des matériaux curieux pour son histoire de l’université d’Oxford. Il est mort vers l’année 1700, dans un état voisin de l’indigence.

X—s.


AUBRIET (Claude), peintre de plantes, de fleurs, de papillons, d’oiseaux et de poissons, soit à la gouache, soit en miniature, naquit à Cbalons-sur-Marne, en 1651, et mourut à Paris, en 1745. Ses talents et la célébrité qu’il avait acquise le firent nommer dessinateur du Jardin du roi ; et ce fut en cette qualité qu’il accompagne Tournefort dans le Levant. À son retour, il remplaça Jean Joubert, peintre du roi, au Jardin royal, et y continua la magnifique collection de dessins de plantes sur vélin, que Nicolas Robert avait commencée à Blois, par ordre de Gaston, duc d’Orléans, frère de Louis XIII. Louis XIV ayant hérité de cette collection, la fit continuer et déposer à la bibliothèque du roi. Depuis la révolution, on l’a transportée au muséum d’histoire naturelle, ou on l’augmente annuellement de douze dessins. Elle est maintenant composée de 66 vol. in-fol. Aubriet, successeur de Joubert, lui est de beaucoup supérieur, mais est resté au-dessous de Robert. mademoiselle Basseporte, qui remplaça Aubriet son maître, lui fut inférieure. Mais le successeur de cette dernière, en 1780, a donné in ce genre de dessin toute la perfection dont il paraît susceptible. C’est d’après les dessins d’Aubriet qu’ont été gravées les planches des Éléments de botanique de Tournefort, qui servirent ensuite dans la version latine de cet ouvrage, ou les Institutiones rei herbariœ, avec le corollaire. C’est à lui qu’on doit aussi les figures du voyage de cet auteur dans le Levant ; il en avait rapporté les dessins originaux, faits sur les lieux. Après son retour, il fut employé par Séb. Vaillant a dessiner les plantes qui composent le Botanicon Parisiense, Leyde, 1727, in-fol. On voit au cabinet des dessins et estampes de la bibliothèque royale de Paris, 5 vol. in-fol. de ses dessins qui renferment : 1° Recueil de coquillages et de poissons, grand in-fol. oblong ; 2° deux Suites de papillons, d’oiseaux et de poissons. Plusieurs autres suites de dessins sont dans les cabinets de quelques amateurs. Dirigé par