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coutumé, et pour se concerter avec le divan sur différentes affaires importantes. On imagina aussitôt qu’il allait être déposé : l’invitation faite à l’ancien kan de se rapprocher de la capitale donnait un nouveau degré de probabilité a cette supposition ; cependant Azymet-Guéraî fit une entrée très-pompeuse le 29 juin 1765, reçut le meilleur accueil du Grand Seigneur, et s’en alla très-mécontent des ministres et des officiers de la cour. Il eut les plus grandes peines à obtenir d’eux une vaine promesse d’obliger les Russes à détruire les forts de Kabartah, extrêmement incommodes et dangereux pour la Crimée. Ces utiles représentations lui devinrent funestes, et il fut déposé au mois de mars 1767. Nous ignorons l’époque de sa mort.


AZYZ-BILLAH (Anou-Massena-Názan), 5e calife fathémite, naquit à Mahdyeh, le 14 de moharrem 344 (10 mai 935 de J.-C.), et succéda à son père, Moézz-Lédinillah, l’an 505 (975~6). Ce prince, l’un des plus distingués de sa’ maison, ajouta à son héritage Emesse, Alep, llamah et Chéïzer. La prière se lit en son nom à Moussoul et dans le Yémen, et ses armes et ses vertus inspirèrent aux peuples voisins la crainte et le respect. Il se proposait d’achever la conquête de la Syrie, lorsque la mort le frappa à Bilbéis, le 28 de ramadan 386 (14 octobre 996 de J. -C.), après un règne de 21 ans, qu’il signala par la construction d’un grand portique dans le palais des califes au Caire, de plusieurs mosquées et autres édifices. Ce fut lui qui dirigea les études d’Ib-Younis vers l’astronomie, et lui fournit les instruments nécessaires à ses observations. À un grand amour pour les sciences, à la générosité envers ceux qui les cultivaient, il joignait un courage à toute épreuve, une clémence rare chez les princes d’orient, et la tendresse d’un père pour ses sujets. On rapporte qu’un poète ayant fait contre son vizir des vers injurieux dans lesquels il était lui-même attaqué, le ministre vint lui demander vengeance. Azyz, après avoir lu les vers, lui dit : « Comme j’ai part à l’injure, je désire que vous preniez part au pardon que je lui accorde. » Ce calife avait épousé une femme chrétienne qu’il chérissait, et dont il fit les deux frères patriarches, l’un d’Alexandrie et l’autre de Jérusalem. Son fils, Hakem-Biamrillah, lui succéda.


AZZ-ED-DAULAH BOKHTYAR, prince bouïde, succéda à Moezz-ed-Daulali, son père, le 47 de riby 2e, 356 de lHégire (1er avril 907), et régna, comme lui, sur l’Ahwaz, le Khouzistan et Bagdad. Moezzed-Daulah, avant de mourir, lui avait donné de fort bons conseils ; mais il s’abandonna à la débauche, s’entoura de bouffons et de chanteurs. Il s’engagea bientôt de violentes guerres entre les Turcs et les Déilémytes, ses partisans. Les deux partis se battirent pendant cinquante jours sur les frontières de Wacith, et le plus souvent la victoire resta aux Turcs. Adhad-ed-Daulah, instruit de leurs succès, marcha en diligence contre eux, et joignit d’Azzed-Daulah dans Waeith. L’arrivée de ce prince fit changer la fortune. Les Turcs prirent la fuite vers Bagdad, ou Adhad-ed-Daulah vint les assiéger ; il attaqua la ville à l’orient, tandis que Azz-ed-Daulah l’attaquait à l’occident ; enfin, il la prit, et songea aussitôt à s’assurer le fruit de sa victoire. La révolte des troupes lui en fournit l’occasion. Elles exigeaient d’Azz-ed-Daulah la paye de leur solde. Ce prince, dans l’impossibilité de les satisfaire, eut recours a Adhad-Eddaulah, qui lui conseilla d’abdiquer. Azzed-Daulah obéit, et son astucieux cousin, après avoir

publié que, pénétré lui-même de son incapacité, il s’était démis de son autorité, le fit jeter dans les fers. Morzéhan, fils d’Azz-ed-Daulah, instruit de cette perfidie, écrivit à Ilokn-ed-Daulah pour lui demander justice. Ce prince, irrité contre Adhad-ed-Daulah, lui ordonna de remettre en liberté Azz-ed-Daulah, et de lui restituer ses possessions. Adhad-ed-Daulah proposa en vain de lui céder le Farès pour l’lrak : il fallut obéir ou combattre contre un père. Dès que Rokn-ed-Daulah fut mort, Adhad-ed-Daulah renouvela ses propositions à Azz-ed-Daulah ; et celui-ci, trop faible pour résister, prit la fuite vers la Syrie, laissant son adversaire la libre possession de Bagdad. Il rencontra dans sa retraite Hantdan Ben Nassired-Daulah, qui le persuada de s’emparer de Moussoul, où régnait Abou-Taghleb Ben Nassir-ed-Daulah, son frère. Ce dernier, instruit du conseil de Hamdan, offrit à Azz-ed-Daulah de l’aider à rentrer dans Bagdad, s’il voulait lui livrer Hamdan. Azz-ed-Daulah, séduit par cette promesse, remit son hôte enim les mains d’Abou-Taghleb. Délivré d’un ennemi qui l’inquiétait, Abou-Taglileb se dirigea vers Bagdad ; mais Adhad marchait déjà à sa rencontre, et les deux armées se rencontrèrent près de Tékryt, le 18 de chawal 367 de l’hégire (30 mai 978). Après une résistance opiniâtre, l’armée d’Abou-Taghleb fut mise en fuite, et Azz-ed-Daulah tomba au pouvoir du vainqueur, qui le fit périr le même jour. Ainsi finit, à l’âge de 56 ans, un prince faible, et qui s’était souillé par la plus infáme trahison. Assimilé aux animaux par l’aveuglement avec lequel il suivait ses passions, la nature lui avait encore donne, par ses forces physiques, un autre trait de ressemblance avec les plus forts d’entre eux. Il prenait un taureau par ses cornes, et le terrassait. Adhad-ed-Daulah, non content de s’être débarrassé de Azz-ed-Daulah, fit emprisonner ses six fils. Ils trouvèrent moyen de rompre leurs fers, et se mirent en campagne contre Samsam-ed-Daulah (voy. ce nom) ; mais ils furent défaits et repris. Le vainqueur fit mourir deux d’entre eux, qui, par leur âge et leurs talents, lui paraissaient les plus dangereux. Enfin, dans une sédition élevée parmi les troupes de Samsam-ed-Daulah, un des quatre captifs fut proclamé sultan par la milice, et tua Samsam-ed-Daulah, l’an 588 de l’hégire (998 de J.-C.), près de Chyraz. Cependant aucun des quatre fils d’Azz-ed-Daulah n’a occupé le trône : car Bolia-ed-Daulah (voy. ce nom) succéda à Samsam-ed-Daulah.


AZZANELLO (GRÉGOIRE), né à Crémone, vivait à la cour de Jean-Galéas Visconti, premier duc de Milan ; il a laissé un recueil de lettres, conservées en manuscrit à la bibliothèque Ambrosienne. La première de ces lettres, datée de Milan, le 10 sep-