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ANTIOCHUS Ier, surnommé Soter, fils de Séleucus Ier et d’Apamé, se distingua à la bataille d’Ipsus, où il commandait l’aile opposée à Démétrius, fils d’Antigone. Il devint par la suite amoureux de Stratonice, épouse de son père, qui la lui céda, et lui donna en même temps la portion de ses États située au delà de l’Euphrate. (Voy. Érastritate.) Ils soumirent, de concert, la plupart des pays qui se trouvaient entre la mer Caspienne et l’Indus, et rétablirent plusieurs des villes qu’Alexandre y avait fondées. Leurs expéditions dans cette portion de l’Asie jetèrent beaucoup de lumières sur la géographie. Séleucus étant mort (l’an 281 avant J.-C.), Antiochus devint maître de tous ses États. Ayant perdu peu de temps après Stratonice, il épousa une de ses sœurs dont le nom ne nous est pas connu. Il remporta, l’an 275 avant J.-C., une victoire signalée sur les Gaulois qui ravageaient l’Asie ; et comme il la dut à ses éléphants, il en fit sculpter un sur le trophée qu’il érigea. Appien dit que ce fut à cette occasion qu’on lui donna le surnom de Soter, mais il parait qu’il le portait auparavant. Après la mort de Philétère, il voulut s’emparer des États de ce prince, et fut vaincu à Sardes par Eumènes. Il déclara la guerre à Ptolémée Philadelphe, à l’instigation de Magas, roi de Cyrène, qui avait épousé Apamé, sa fille ; mais ce prince lui donna tant d’occupation dans ses propres États, qu’il ne put aller attaquer l’Égypte. Sur la fin de ses jours, Ptolémée, son fils aîné, qu’il avait associé au trône, se révolta contre lui de concert avec Timarque qui avait le gouvernement de l’Asie Mineure. Antiochus le fit mourir, et fut tué lui-même peu de temps après, l’an 262 avant J.-C., dans un combat près d’Éphèse, par un Gaulois, qui, ayant voulu aussitôt monter sur le cheval de son ennemi, fut entraîné dans un précipice où il périt. C-r.


ANTIOCHUS II, surnommé Théos (Dieu), fils du précédent et de Stratonice, monta sur le trône, l’an 262 avant J.-C. Il commença son règne par faire la guerre à Timarque, qui, après s’être révolté contre son père, s’était rendu tyran de Milet ; il le vainquit, le chassa du pays, et les Milésiens, par reconnaissance, lui donneront le surnom de Dieu. Il continua la guerre que son père avait commencée contre Ptolémée Philadelphe, roi d’Égypte, et n’eut pas plus de succès que lui ; mais Ptolémée, qui était d’une humeur pacifique, voulant mettre fin à ces débats, engagea Antiochus à répudier Laodice, sa sœur et, son épouse, dont il avait déjà deux fils, et lui donna en mariage Bérénice, sa fille, avec une dot considérable. Ce fut pendant cette guerre que les Parthes, sous la conduite d’Arsace, se révoltèrent contre Antiochus, et jetèrent les fondements de leur empire, qui devint dans la suite le redoutable rival de Home. À la mort de Ptolémée, Antiochus, qui avait répudié Laodice malgré lui, la rappela et renvoya Bérénice. Laodice, craignant l’inconstance de son époux, prit le parti de l’empoisonner, puis, cachant sa mort, elle plaça dans son lit un homme du peuple, nommé Artémon, qui ressemblait parfaitement au roi, et qui en joua le rôle. Ce faux Antiochus recommanda ses fils et sa femme aux grands du royaume, et désigna Séleucus son fils aîné pour son successeur. Antiochus II mourut l’an 247 avant J.-G. (Voy. Bérénice, Laodice, Séleuces II.) C-r.


ANTIOCHUS, surnommé Hiearx, fils du précédent et de Laodice, n’avait que quatorze ans lorsque Ptolémée Evergéte le fit roi de la Cilicie, pour l’opposer à Séleucus Callinice, frère du jeune Antiochus, qu’il avait presque entièrement dépouillé de ses États. Ce dernier, après avoir fait de vains efforts pour les recouvrer, eut recours à la générosité d’Antiochus, qui rassemble une armée, en apparence pour aller à son secours, mais réellement pour le dépouiller de ce qui lui restait : cette avidité, remarquable dans un jeune homme et surtout dans un frère, lui fit donner le surnom d’Hierax. Ptolémée ayant fait une trève avec Séleucus, la guerre continua entre les deux frères, et Antiochus, à l’aide des Gaulois, remporta une victoire signalée sur Séleucus, que l’on crut même avoir été tué : Antiochus en prit le deuil, et témoigna le plus grand chagrin. Il tourna ensuite ses armes contre Démétrius, roi de Macédoine, à l’instigation de Nicée, sa sœur, que ce prince avait épousée, et ensuite abandonnée pour en épouser une autre. On ne connaît point les détails de cette guerre. Celle qui eut lieu contre Séleucus, qui n’avait point péri comme on l’avait cru, continuait toujours ; Eumènes en profita pour s’emparer d’une grande partie de l’Asie Mineure, qui, désolée par les incursions des Gaulois qu’Antiochus avait à sa solde, était toute disposée à changer de maître. Plus tard, Antiochus, entièrement défait par Séleucus, se réfugia d’abord chez Artamènes, son beau-père, roi de Cappadoce ; mais, s’étant aperçu qu’on lui tendait des embûches, il s’enfuit ; et, ne sachant où se retirer, il alla se livrer à Ptolémée Evergète, son ennemi, qui le fit enfermer. Il trouva cependant le moyen de s’échapper par le secours d’une courtisane, et fut tué en chemin par des voleurs, l’an 221 avant J.-C. C-r.


ANTIOCHUS III, surnommé le Grand, fils de Séleucus Callinice et de Laodice, était à Babylone lorsque Séleucus Céraunus son frère fut tué. L’armée de Syrie le reconnut pour roi. La Syrie était alors dans une situation très-fâcheuse, suite des divisions entre Séleucus II et Antiochus Hierax : le satrape de la Bactriane s’était déclaré indépendant ; Ptolémée Philopator avait envahi la Cælésyrie et la Phénicie, et Attale, roi de Pergame, venait de réunir à ses États une grande partie de l’Asie, en deçà du Taurus. Antiochus, quoique fort jeune, ne perdit point courage. Il confia le commandement de l’Asie Mineure à Achæus, qui y était déjà avec une armée, celui de la Médie à Melon, celui de la Perse à Alexandre, et attaque la Cælésyrie. Tandis qu’il était occupé de ce côté, Alexandre et Melon firent révolter les provinces qui étaient sous leurs ordres ; Antiochus abandonne alors la Cælésyrie, fondit sur les révoltés, les défit et les réduisit à se donner la mort. Il entreprit ensuite me expédition contre Artabazane, roi de l’Atropaténe ; mais ce prince, qui