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HISTOIRE DE FRANCE.

l’envoya en Italie, et lui donna le monastère de Saint Augustin, près de la ville de Pavie, pour y ouvrir école. — Sur ces nouvelles, Albinus, de la nation des Angles, disciple du savant Bède, voyant quel bon accueil Charles, le plus religieux des rois, faisait aux sages, s’embarqua et vint à lui… Charles lui donna l’abbaye de Saint-Martin, près de la ville de Tours, afin qu’en l’absence du roi il put s’y reposer et y enseigner ceux qui accouraient pour l’entendre[1]. Sa science porta de tels fruits, que les modernes Gaulois ou Francs passèrent pour égaler les Romains ou les Athéniens de l’antiquité.

« Lorsqu’après une longue absence le victorieux Charles revint en Gaule, il se fit amener les enfants qu’il avait confiés à Clément, et voulut qu’ils lui montrassent leurs lettres et leurs vers. Ceux de moyenne et de basse condition présentèrent des œuvres au-dessus de toute espérance, confites dans tous les as-

  1. « Albinum cognomento Alcuinum… » (Éginhard.)

    Alcuin écrivait à Charlemagne : « Envoyez-moi de France quelques savants traités aussi excellents que ceux dont j’ai soin ici (à la bibliothèque d’York), et qu’a recueillis mon maître Echert ; et je vous enverrai de mes jeunes gens, qui porteront en France les fleurs de Bretagne, en sorte qu’il n’y ait plus seulement un jardin enclos à York, mais qu’à Tours aussi puissent germer quelques rejetons du paradis. » — Appelé en France, il devint le maître du Scot Rabanus Maurus, fondateur de la grande école de Fulde. — Éginhard dit que Charlemagne donnait les honneurs et les magistratures à des Scots, estimant leur fidélité et leur valeur ; et que les rois d’Écosse lui étaient fort dévoués. — Dans sa vie de saint Césaire, dédiée à Charlemagne, Héricus dit : « Presque toute la nation des Scots, méprisant les dangers de la mer, vient s’établir dans notre pays avec une suite nombreuse de philosophes. »