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CARLOVINGIENS.

saisonnements de la sagesse ; les nobles, d’insipides sottises. Alors le sage roi, imitant la justice du Juge éternel, fit passer à sa droite ceux qui avaient bien fait, et leur parla en ces termes : Mille grâces, mes fils, de ce que vous vous êtes appliqués de tout votre pouvoir à travailler selon mes ordres et pour votre bien. Maintenant efforcez-vous d’atteindre à la perfection, et je vous donnerai de magnifiques évêchés et des abbayes, et toujours vous serez honorables à mes yeux. Ensuite il tourna vers ceux de gauche un front irrité, et, troublant leurs consciences d’un regard flamboyant, il leur lança avec ironie, tonnant plutôt qu’il ne parlait, cette terrible apostrophe : Vous autres nobles, vous fils de grands, délicats et jolis mignons, fiers de votre naissance et de vos richesses, vous avez négligé mes ordres, et votre gloire et l’étude des lettres, vous vous êtes livrés à la mollesse, au jeu et à la paresse, ou à de frivoles exercices. Après ce préambule, levant vers le ciel sa tête auguste et son bras invincible, il fulmina son serment ordinaire : Par le roi des cieux je ne me soucie guère de votre noblesse et de votre beauté, quelque admiration que d’autres aient pour vous ; et tenez ceci pour dit, que, si vous ne réparez par un zèle vigilant votre négligence passée, vous n’obtiendrez jamais rien de Charles.

« Un de ces pauvres dont j’ai parlé, fort habile à dicter et à écrire, fut par lui placé dans la Chapelle ; c’est le nom que les rois des Francs donnent à leur oratoire, à cause de la chape de saint Martin, qu’ils portaient constamment au combat pour leur propre