Page:Michelet - La femme.djvu/114

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fille. Hélas ! que tes petits bonheurs seront mêlés de douleurs ! Nous autres qui vous adorons, combien nous vous faisons pleurer !




Il ne faut pas plaisanter. C’est une passion sérieuse. La mère doit s’y associer, accueillir avec bonté l’enfant de sa fille. Loin de mépriser la poupée, elle insistera pour que l’enfant capricieuse lui soit toujours bonne mère, la tienne proprement habillée, qu’elle ne soit gâtée ni battue, mais tenue raisonnablement comme elle l’est elle-même.

Grands enfants qui lisez ceci, père, frères, parents, je vous prie, ne riez pas de votre enfant. Examinez-vous vous-mêmes, ne lui ressemblez-vous pas ? Que de fois, dans les affaires que vous croyez les plus graves, une lueur de réflexion vous vient, et vous souriez… vous avouant à demi que vous jouiez à la poupée.

Notez bien que plus la poupée de la petite fille est son œuvre, plus elle est sa fabrication simple, élémentaire, mais aussi personnelle, plus elle y a mis son cœur, et plus il y a danger de la contrister.

Dans une campagne du nord de la France, pays pauvre et de travail dur, j’ai vu une petite fille fort sage, raisonnable avant le temps. Elle n’avait que