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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

que le citoyen ne savait pas la langue de la Cité[1]. Claude s’aperçut qu’il avait donné le gouvernement de la Grèce, une place si éminente, à un homme qui ne savait pas le latin. Strabon remarque que les tribus de la Bétique, que la plupart de celles de la Gaule méridionale, avaient adopté la langue latine ; la chose n’était donc pas si commune, puisqu’il prend la peine de la remarquer. « J’ai appris le latin, dit saint Augustin, sans crainte ni châtiment, au milieu des caresses, des sourires et des jeux de mes nourrices. » C’est justement la méthode dont se félicite Montaigne. Il paraît que l’acquisition de cette langue était ordinairement plus pénible ; autrement saint Augustin n’en ferait pas la remarque.

Que Martial se félicite de ce qu’à Vienne tout le monde avait son livre dans les mains ; que saint Jérôme écrive en latin à des dames gauloises, saint Hilaire et saint Avitus à leurs sœurs, Sulpice Sévère à sa belle-mère ; que Sidonius recommande aux femmes la lecture de saint Augustin, tout cela prouve uniquement ce dont personne n’est tenté de douter, c’est que les gens distingués du midi des Gaules, surtout dans les colonies romaines, comme Lyon, Vienne, Narbonne, parlaient le latin de préférence.

Quant à la masse du peuple, je parle surtout des Gaulois du Nord, il est difficile de supposer que les Romains aient envahi la Gaule en assez grand nombre pour lui faire abandonner l’idiome national. Les règles

  1. Dion Cassius.