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MONDE GERMANIQUE

s’effacent à l’occident ; les Goths et les Lombards commencent à poindre vers l’orient ; l’avant-garde saxonne, les Angli, sont à peine nommés ; la confédération francique n’est pas formée encore ; c’est le règne des Suèves (Hermions)[1]. Quoique diverses religions locales aient pu exister chez plusieurs tribus, tout porte à croire que le culte dominant était celui des éléments, celui des arbres et des fontaines. Tous les ans, la déesse Hertha (erd, la terre) sortait, sur un char voilé, du mystérieux bocage où elle avait son sanctuaire, dans une île de l’Océan du Nord[2].

Par-dessus ces races et ces religions, sur cette première Allemagne, pâle, vague, indécise, monde enfant, encore engagé dans l’adoration de la nature, vint se poser une Allemagne nouvelle, comme nous avons vu la Gaule druidique établie dans la Gaule gallique par l’invasion des Kymry. Les tribus suéviques reçurent une civilisation plus haute, un mouvement plus hardi, plus héroïque, par l’invasion des adorateurs d’Odin, des Goths (Jutes, Gépides, Lombards, Burgondes) et des Saxons[3]. Quoique le système odinique fût loin sans doute d’avoir encore les développements qu’il prit plus tard, et surtout dans l’Islande, il apportait dès lors les éléments d’une vie plus noble, d’une moralité plus profonde. Il promettait l’immortalité aux braves, un paradis, un Walhalla, où ils pour-

  1. Tacite.
  2. App. 62.
  3. Ceux-ci avaient égard à la position astronomique des lieux ; de là les noms de : Wisigoths, Ostrogoths, Wessex, Sussex, Essex, etc. Les Celtes, au contraire.