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HISTOIRE DE FRANCE

guerrière dont parle Tacite. Tous égaux sous les dieux, sous les Ases, enfants des dieux, ils n’obéissent à leurs chefs qu’autant que ceux-ci parlent au nom du ciel. Le nom de Saxons lui-même est peut-être identique à celui d’Ases[1]. Répartis en trois peuplades et douze tribus, ils repoussèrent longtemps toute autre division. Quand les Lombards envahirent l’Italie, la plupart des Saxons refusèrent de les suivre, ne voulant pas s’assujettir à la division militaire des dizaines et centaines que leurs alliés admettaient. Ce ne fut que bien tard, quand les Saxons, pressés entre les Francs et les Slaves, se mirent à courir l’Océan et se jetèrent sur l’Angleterre, que les chefs militaires prévalurent, et que la division des hundreds s’introduisit chez eux. Quelques-uns veulent qu’elle n’ait commencé qu’avec Alfred.

Il semble que les populations saxonnes, une fois établies au nord de l’Allemagne, aient longtemps préféré la vie sédentaire. Les Goths ou Jutes, au contraire, se livrèrent aux migrations lointaines. Nous les voyons dans la Scandinavie, dans le Danemark, et presque en même temps sur le Danube et sur la Baltique. Ces courses immenses ne purent avoir lieu qu’autant que la population tout entière devint une bande, et que le comitatus, le compagnonnage guerrier, s’y organisa sous des chefs héréditaires. La pression que ces peuples exercèrent sur toutes les tribus germaniques, obligea celles-ci à se mettre en mouve-

  1. App. 64.