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HISTOIRE DE FRANCE

de la paille, du foin pourri et la boue puante de la ville. Couverts d’ordures, les députés se retirèrent, non sans essuyer un grand nombre d’injures et d’outrages.

Cette réponse de Gontran réunit les Ostrasiens aux Aquitains en faveur de Gondovald. Les grands du Midi l’accueillirent[1], et sous leur conduite il fit de rapides progrès. Il se vit bientôt maître de Toulouse, de Bordeaux, de Périgueux, d’Angoulême. Il recevait au nom du roi d’Ostrasie le serment des villes qui avaient appartenu à Sigebert. Le danger devenait grand pour le vieux roi de Bourgogne. Il savait que Brunehaut, Childebert et les grands d’Ostrasie favorisaient Gondovald, que Frédégonde elle-même était tentée de traiter avec lui, que l’évêque de Reims était secrètement dans son parti ; tous ceux du Midi y étaient ouvertement. La défection du parti romain ecclésiastique, dont il s’était cru si sûr, obligea Gontran de se rapprocher des Ostrasiens ; il adopta son neveu Childebert, et le nomma son héritier, lui rendit tout ce qu’il réclamait, et promit à Brunehaut de lui laisser cinq des principales cités d’Aquitaine, que sa sœur avait apportées en dot, comme ancienne possession des Goths.

La réconciliation des rois de Bourgogne et d’Ostrasie découragea le parti de Gondovald. Les Aquitains montrèrent autant d’empressement à l’abandonner qu’ils en avaient mis à l’accueillir. Il fut obligé de s’enfermer

  1. App. 91.