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MÉROVINGIENS

naires à tout l’Occident. L’invasion saxonne fit trêve aux querelles religieuses ; mais dès que les Saxons furent définitivement établis, le pape envoya en Bretagne le moine Augustin, de l’ordre de Saint-Benoît. Les envoyés de Rome réussirent auprès des Saxons d’Angleterre, et commencèrent cette conquête spirituelle qui devait avoir de si grands résultats. Du monastère d’Iona, fondé précisément à la même époque par saint Colomban, sortit son célèbre disciple, saint Colombanus[1], dont nous avons vu le zèle hardi contre Brunehaut. Ce missionnaire ardent et impétueux rattacha un instant la Gaule aux principes de l’Église irlandaise.

La chute des enfants de Sigebert et de Brunehaut, la réunion de l’Ostrasie à la Neustrie, était une occasion favorable. Dans la Neustrie, dans tout le midi des Gaules, les traces de l’invasion disparaissant, les Germains s’étaient comme fondus dans la population gauloise et romaine. Les races antiques reprenaient force, la Neustrie avait repoussé l’Ostrasie sous Frédégonde, et se l’était réunie sous Clotaire. Ce prince et son fils Dagobert, moins Francs que Romains, devaient être favorables aux progrès de l’Église celtique, dont les mœurs et les lumières faisaient honte au caractère barbare qu’avait pris celle des Gaules.

Saint Colomban avait passé d’abord en Gaule avec douze compagnons. Une foule d’autres semblent les avoir suivis pour peupler les nombreux monastères

  1. Saint Colomban explique lui-même le rapport mystique de son nom avec les mots jona, barjona, qui signifie colombe dans les livres saints.