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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

D’abord, la mort de Bernard (il en était innocent) ; puis les parjures auxquels il avait exposé le peuple par de nouvelles divisions de l’Empire ; puis d’avoir fait la guerre en carême ; puis d’avoir été trop sévère pour les partisans de ses fils (il les avait soustraits à la mort) ; puis d’avoir permis à Judith et autres de se justifier par serment ; sixièmement, d’avoir exposé l’État aux meurtres, pillages et sacrilèges, en excitant la guerre civile ; septièmement, d’avoir excité ces guerres civiles par des divisions arbitraires de l’Empire ; enfin d’avoir ruiné l’État qu’il devait défendre[1].

Quand on eut lu cette confession absurde dans l’église de Saint-Médard de Soissons, le pauvre Louis ne contesta rien, il signa tout, s’humilia autant qu’on voulut, se confessa trois fois coupable, pleura et demanda la pénitence publique pour réparer les scandales qu’il avait causés. Il déposa son baudrier militaire, prit le cilice, et son fils l’emmena ainsi, misérable, dégradé, humilié, dans la capitale de l’Empire, à Aix-la-Chapelle, dans la même ville où Charlemagne lui avait jadis fait prendre lui-même la couronne sur l’autel.

Le parricide croyait avoir tué Louis. Mais une immense pitié s’éleva dans l’Empire. Ce peuple, si malheureux lui-même, trouva des larmes pour son vieil empereur. On raconta avec horreur comment le fils

  1. De tous ces griefs, le septième est grave. Il révèle la pensée du temps. C’est la réclamation de l’esprit local, qui veut désormais suivre le mouvement matériel et fatal des races, des contrées, des langues, et qui dans toute division politique ne voit que violence et tyrannie.