Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
HISTOIRE DE FRANCE

son conseiller, et presque roi d’Italie sous Pepin et Bernard, eut le malheur d’associer un nom, jusque-là sans tache, aux révoltes parricides des fils de Louis.

Cependant le Débonnaire, dominé par les mêmes conseils, faisait ce qu’il fallait pour renouveler la révolte et tomber de nouveau. D’une part, il sommait les grands de rendre aux églises les biens qu’ils avaient usurpés ; de l’autre, il diminuait la part de ses fils aînés, qui, il est vrai, l’avaient bien mérité, et dotait à leurs dépens le fils de son choix, le fils de Judith, Charles-le-Chauve. Les enfants de Pepin, qui venait de mourir, étaient dépouillés. Louis-le-Germanique était réduit à la Bavière. Tout était partagé entre Lothaire et Charles. Le vieil empereur aurait dit au premier : « Voilà, mon fils, tout le royaume devant tes yeux, partage, et Charles choisira ; ou, si tu veux choisir, nous partagerons[1]. » Lothaire prit l’Orient, et Charles devait avoir l’Occident. Louis de Bavière armait pour empêcher l’exécution de ce traité, et par une mutation étrange, le père cette fois avait pour lui la France, et le fils l’Allemagne. Mais le vieux Louis succomba au chagrin et aux fatigues de cette guerre nouvelle. « Je pardonne à Louis, dit-il, mais qu’il songe à lui-même, lui qui, méprisant la loi de Dieu, a conduit au tombeau les cheveux blancs de son père. » L’empereur mourut à Ingelheim dans une île du Rhin près Mayence, au centre de l’Empire, et l’unité de l’Empire mourut avec lui.

  1. App. 165.