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HISTOIRE DE FRANCE

ravages. Reims succéda à leur influence sous la seconde race, étendant ses possessions dans les provinces les plus lointaines jusque dans les Vosges, jusqu’en Aquitaine[1] ; elle fut la ville épiscopale par excellence. Laon, sur son inaccessible sommet, fut la ville royale, et eut le triste honneur de défendre les derniers Carlovingiens. Il fallut que les ravages des Normands fussent passés pour que nos rois de la troisième race se hasardassent à descendre en plaine, et vinssent s’établir à Paris dans l’île de la Cité, à côté de Saint-Denis, comme les Carlovingiens avaient, pour dernier asile, choisi Laon à côté de Reims.

Charles-le-Chauve ne fut d’abord que l’humble client des évêques. Avant, après la bataille de Fontenai, dans ses négociations avec Lothaire, il se plaint surtout de ce que celui-ci ne respecte pas l’Église[2]. Aussi Dieu le protège. Lorsque Lothaire arrive sur la Seine avec son armée barbare et païenne, dont les Saxons faisaient partie, le fleuve enfle miraculeusement et couvre Charles-le-Chauve[3]. Les moines, avant de délivrer Louis-le-Débonnaire, lui avaient demandé s’il voulait rétablir et soutenir le culte divin ; les évêques interrogent de même Charles-le-Chauve et Louis-le-Germanique, puis leur confèrent le royaume. Plus tard les évêques sont d’avis que la paix règne entre les trois frères[4]. Après la bataille de Fontenai, les évêques s’assemblent, déclarent que Charles et Louis ont combattu pour l’équité et la justice, et ordonnent un jeûne de

  1. Flodoard.
  2. Nithard.
  3. Nithard : « Sequana, mirabile dictu !… repente aere sereno tumescere cœpit. »
  4. App. 171.