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HISTOIRE DE FRANCE

où Gérard de Roussillon, où Renaud et les autres fils d’Aymon soutiennent une lutte héroïque contre Charlemagne. Le nom de Charlemagne est ici la désignation commune des Carlovingiens.

Le premier et le plus puissant de ces fondateurs de la féodalité est le beau-frère même de Charles-le-Chauve, Boson, qui prend le titre de roi de Provence, ou Bourgogne Cisjurane[1] (879). Presqu’en même temps (888), Rodolf Welf occupe la Bourgogne Transjurane, dont il fait aussi un royaume. Voilà la barrière de la France au sud-est. Les Sarrasins y auront des combats à rendre contre Boson, contre Gérard de Roussillon, le célèbre héros de roman, contre l’évêque de Grenoble et le vicomte de Marseille.

Au pied des Pyrénées, le duché de Gascogne est rétabli par cette famille d’Hunald et de Guaifer[2], si maltraitée par les Carlovingiens, qui lui durent le désastre de Roncevaux. Dans l’Aquitaine, s’élèvent les puissantes familles de Gothie (Narbonne, Roussillon, Barcelone), de Poitiers et de Toulouse. Les deux premières veulent descendre de saint Guillaume, le grand saint du Midi, le vainqueur des Sarrasins. C’est ainsi que tous les rois d’Allemagne et d’Italie descendent de Charlemagne, et que les familles héroïques de la Grèce, rois de Macédoine et de Sparte, Aleuades de Thessalie, Bacchides de Corinthe, descendaient d’Hercule.

À l’Est, le comte de Hainaut, Reinier, disputera la

  1. Il fut élu au concile de Mantaille par vingt-trois évêques du Midi et de l’Orient de la Gaule.
  2. App. 182.