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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

La seconde veut remonter à un Torthulf ou Tertulle, Breton de Rennes, « simple paysan, dit la chronique, vivant de sa chasse et de ce qu’il trouvait dans les forêts ». Charles-le-Chauve le nomma forestier de la forêt de Nid-de-Merle[1]. Son fils, du même nom, reçut le titre de sénéchal d’Anjou. Son petit-fils Ingelger, et les Foulques, ses descendants, furent des ennemis terribles pour la Normandie et la Bretagne.

Les Capets sont aussi d’abord établis dans l’Anjou. Il semble que ce soient des chefs saxons au service de Charles-le-Chauve[2]. Il confie à leur premier ancêtre connu, Robert-le-Fort, la défense du pays entre la Seine et la Loire. Robert se fait tuer en combattant, à Brisserte, le chef des Northmans, Hastings. Son fils Eudes, plus heureux, les repousse au siège de Paris (885), et remporte sur eux une grande victoire à Montfaucon. À l’époque de la déposition de Charles-le-Gros, il est élu roi de France (888).

M. Augustin Thierry, dans ses Lettres sur l’histoire de France, a suivi avec beaucoup de sagacité les alternatives de cette longue lutte qui, dans l’espace d’un siècle, fit prévaloir la nouvelle dynastie. Il m’est impossible de ne pas emprunter quelques pages de ce beau récit. La question n’y est traitée que sous un point de vue, mais avec une netteté singulière.

« À la révolution de 888, correspond de la manière la plus précise un mouvement d’un autre genre, qui élève sur le trône un homme entièrement étranger à

  1. App. 186.
  2. App. 187.